A la Rencontre des idées et des pratiques en psychologie et psychanalyse

Revue de Presse

«Quinze médecins dénoncent l'abus d'antidépresseurs en France»

Par Paul Benkimoun, Le Monde du 25/08/2008  PSY EN MOUVEMENT n° 25082008

Quinze médecins, dont treize psychiatres, lancent un appel contre l'abus des antidépresseurs en France. Publié dans le numéro de septembre du mensuel Psychologies Magazine, le texte est signé notamment par Gérard Apfeldorfer, Boris Cyrulnik, Serge Hefez, William Lowenstein, Marcel Rufo et David Servan-Schreiber. Destiné à interpeller la société française, il dénonce "un triste record" et met en avant les dangers de cette surmédicalisation.

En s'appuyant sur une enquête de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la période 2001-2003, les signataires rappellent que "21,4 % des Français ont consommé des médicaments psychotropes dans l'année, contre 15,5 % des Espagnols, 13,7 % des Italiens, 13,2 % des Belges, 7,4 % des Néerlandais et 5,9 % des Allemands".

Cette surconsommation a notamment été soulignée, en juin 2006, par une étude sur l'usage de médicaments psychotropes en France commandée par l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé et cordonnée par Hélène Verdoux et Bernard Bégaud, tous deux chercheurs à l'Inserm et à l'université Bordeaux-II.

ALTERNATIVES EFFICACES

Les "troubles mentaux" représentent le quatrième poste des dépenses pharmaceutiques de l'assurance-maladie et se situent - avec 122 millions de boîtes vendues en 2005 - au deuxième rang en termes de prescriptions, derrière les antalgiques. De 300 millions d'euros en 1980, le montant remboursé par l'assurance-maladie pour ces produits a atteint 1 milliard d'euros en 2004. Un adulte sur quatre utilise un psychotrope au moins une fois par an. De plus, une vaste étude publiée au début de l'année a montré qu'en dehors des dépressions très sévères, les antidépresseurs les plus récents ne sont pas plus efficaces qu'un placebo.

Face à une surconsommation qui "augmente chaque année", les signataires de l'appel indiquent que leur "objectif n'est pas de remettre en question l'aide majeure apportée par ces molécules dans le traitement des pathologies mentales ni dans les situations de crise aiguë. Mais il nous semble nécessaire et urgent d'alerter l'opinion et les pouvoirs publics sur les dangers de cette surmédicalisation du mal-être et sur l'existence d'alternatives non médicamenteuses aussi efficaces". Ils précisent que "les techniques ayant fait leurs preuves pour soulager la douleur psychique non pathologique ne manquent pas : psychothérapie, phytothérapie, relaxation, méditation, activité physique..." 

«L'âge de tous les dangers. Pourquoi se lèvent-ils à midi et aiment-ils le risque ? Cinq points pour mieux comprendre les passe-temps favoris des ados... »

Par Sciences et Avenir, Septembre 2008 Numéro 739 PSY EN MOUVEMENT n° 010920088

1 Qu'est-ce que l'adolescence ?
Pour le célèbre psychologue suisse Jean Piaget (1896-1980), l'adolescence était la période des «opérations formelles», de 11 à 16 ans, ultime étape du développement cognitif, pendant laquelle s'acquiert la capacité de manipuler et d'organiser tant les objets que les idées, de formuler des hypothèses, de les tester et de les corriger à la lumière de ses expérimentations. Aujourd'hui, les neuroscientifiques estiment que c'est plutôt la dernière période de maturation du cerveau, s'étalant de 10 à 25 ans.
Les biologistes, celle de la puberté. Selon les sociologues comme Michel Fize, l'adolescence débute à l'entrée en 6e (11 ans), vrai rite de passage, et s'achève à l'entrée au lycée où commence la première jeunesse. Les psychanalystes, eux, mettent en exergue l'accès à la jouissance. «La question est très débattue», résume Bruno Falissard, psychiatre, pour qui l'adolescent est quelqu'un qui a comme obsession la question «comment vais-je devenir quelqu'un ?» «Enfant, les parents font tellement autorité que le seul fait de savoir que vous êtes leur fils ou leur fille suffit à exister. Quand vous êtes adolescent, vous devez brutalement exister par vous-même. Le jour où cette question cesse d'être aussi envahissante, où des questions matérielles du genre «comment je vais gagner ma vie ?» ou «qui va aller chercher les enfants à l'école ?» prennent le pas... l'adolescence est finie.»

2 Les drogues sont-elles plus dangereuses à cet âge ?
Plus on prend des drogues tôt, plus les risques de dépendance et d'altération cérébrale sont élevés. «L'adolescence est la période de maturation du circuit cérébral de la motivation et de la récompense, ce qui se traduit par la recherche de sensations fortes et de prise de risque», explique Michel Reynaud, chef du département de Psychiatrie et d'Addictologie de l'hôpital Paul-Brousse (Paris). Ces circuits en développement sont modulés, entre autres, par des substances cannabinoïdes et opioïdes endogènes (produites par l'organisme) qui agissent en se fixant sur des récepteurs de certaines zones du cerveau. «Les drogues artificielles, en se fixant sur ces mêmes récepteurs, perturbent durablement leur action. Le cannabis entraîne des dommages chez 10% des consommateurs, avec quelques rares cas de déclenchement de schizophrénie. La cocaïne et l'héroïne engendrent une dépendance rapide. Quant à l'alcool, le plus dangereux, il détruit les neurones ! Des travaux réalisés lors du premier sevrage d'un groupe de sujets alcoolo-dépendants sans aucun trouble psychologique ou social, du moins en apparence, ont révélé chez eux une altération des circuits neuronaux, une diminution de la matière grise et de la matière blanche.»

3 Les films et jeux vidéo violents rendent-ils agressif ?
«Oui, toutes les donnéesscientifiques convergent», répond Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale à l'université de Grenoble-II, auteur de plusieurs travaux de synthèse sur la violence. John Murray, de l'université du Kansas (Etats-Unis), a observé en IRM que des images violentes provoquent chez des jeunes (de 9 à 13 ans ) l'activation d'un réseau cérébral impliqué dans le réflexe de peur ainsi que du cortex moteur, qui prépare le corps à la riposte. Selon les chercheurs de l'université du Michigan (Etats-Unis), des jeux vidéo violents entraînent aussi, chez des sujets de 18 à 26 ans, une dichotomie entre émotions et réflexion qui désensibilise le joueur. Même réponse de Bruce Bartholow, de l'université de Missouri-Columbia, qui a analysé l'électroencéphalogramme de joueurs. Une onde cérébrale, la P300, reconnue pour indiquer une réponse d'aversion devant une scène négative, tend à diminuer parmi les amateurs de jeux violents.

Enfin, Christopher Kelly, de l'université Columbia, à New York, démontre que l'exposition répétée à la violence virtuelle diminue le contrôle cérébral des comportements agressifs. L'hypothèse de la catharsis - le spectacle de la violence purgerait les pulsions agressives - a donc vécu. Les fabricants de j e u x v id é o, eux , minimis ent ce s données. «Un peu comme l'industrie du tabac par le passé, poursuit Laurent Bègue. Ils stigmatisent certains profils dits à risque, pour faire diversion. Alors que tout le monde est concerné.» Et le psychologue de nous interpeller : «Dans le jeu Grand Theft Auto IV, vous pouvez fréquenter une prostituée puis l'abattre et récupérer votre argent... La société doit se demander si elle est d'accord pour que ses citoyens passent leur temps libre à mimer de telles actions criminelles, alors que d'autres contenus pourraient privilégier des comportements altruistes, par exemple.»

4 Doit-on donner des médicaments psychotropes aux adolescents ?
«Le médecin peut avoir recoursau médicament quand la pathologie est manifeste et sévère avec, par exemple, un risque suicidaire, répond Emmanuelle Corruble, psychiatre, responsable de l'équipe Médicament psychotrope : évaluation clinique et épidémiologique, de l'unité Inserm 669. Mais une prescriptionne se fera que rarement dès la première consultation, et jamais sans une surveillance médicale étroite et sans une psychothérapie associée.» Ces précautions valent notamment pour les antidépresseurs, épinglés par l'AFSSAPS en mars 2008.
L'Agence indiquait alors que, chez les animaux, la fluoxétine (inhibiteur de recapture de la sérotonine de type Prozac) pouvait avoir des effets délétères sur la croissance ainsi que sur la maturation sexuelle. Par ailleurs, chez l'humain, un risque de réactivation d'idées suicidaires, surtout en début de traitement, a été rapporté. Emmanuelle Corruble confirme : «Chez l'adulte, les antidépresseurs soignent la dépression- maladie et ont un effet favorable sur le risque de suicide inhérent à la dépression. Même si les effets bénéfiques des antidépresseurs sont démontrés chez l'adolescent déprimé, il faut être plus prudent quant à la possible réactivation d'idées suicidaires au cours du traitement. La prescription des antidépresseurs chez l'a dole s cent doit être réservée au traitement des dépressions les plus sévères.» Le s médecins sont donc très prudents sur le sujet. Les patients, visiblement moins. Bruno Falissard cite une étude française à paraître dans les mois prochains . «Chez les 17- 18 ans, le taux de déclaration de prise de psychotropes est supérieur au taux de prescription sur ordonnance. La consommation de psychotropes se fait donc en dehors du circuit médical.»

5 Pourquoi les adolescents se couchent-ils et se lèvent-ils tard ?
En suivant 310 lycéens de 15 à 18 ans, pendant et hors périodes scolaires, Suzanne Warner, de l'université Swinburne de technologie (Melbourne, Australie), a établi que les adolescents sont en manque chronique de sommeil. En période scolaire, ils dorment deux heures et demie en moins que leurs besoins, ce qui expliquerait leur humeur souvent bougonne, leur somnolence et leur déconcentration, surtout le matin. Pourtant, impossible pour les jeunes de se coucher avant 23 heures, minuit, voire 1 heure du matin. La faute à leur horloge biologique.
Mary Carskadon, de l'université de Brown (Rhode Island, Etats-Unis), a mesuré dans la salive d'adolescents le taux de mélatonine, l'hormone qui régule le cycle veille/sommeil, tout au long de la journée. Découverte : ce taux augmente dans la journée et décroît le soir plus tardivement que chez les enfants et les adultes. Voici pourquoi les adolescents commencent à s'animer dans l'après- midi et sont pleins d'énergie le soir venu, d'autant plus qu'Internet ou les jeux vidéo les maintiennent en éveil.» Seul moyen de prévenir une dette de sommeil délétère à la longue : éviter les excitants de tous ordres le soir, favoriser les activités éveillantes le matin (douche, sport), et ne pas décaler encore davantage son rythme le week-end.

«Mon hymen, son honneur... »

Par Elise Vincent, Le Monde du 19/06/2008

Pour son mariage, début août, ce sera un voile blanc. Immaculé, comme sa robe. Après la noce, ce seront des draps roses, rouges ou pourpres. Ensanglantés, quoi qu'il en soit. Leïla (son prénom a été changé) a 25 ans, la virginité des premiers sentiments, mais plus son hymen. Du moins plus celui que ses traditions algériennes et musulmanes exigent. Plus celui que son "promis" espère. Après avoir longtemps hésité à avouer la perte de sa virginité, elle a cédé à la mi-mai. Le mensonge plutôt que la honte, et une opération : l'hyménoplastie.Une "reconstitution" d'hymen avec fil, aiguille et fines sutures. Vingt petites minutes sur la table d'examen, une anesthésie locale, quelques picotements les jours qui suivent. Et la "sérénité", enfin. Moins de risques, espère-t-elle, de perdre celui qu'elle "aime". Moins de risques d'être répudiée, comme la jeune musulmane dont le mariage a été annulé parce qu'elle avait tu à son mari la perte de sa virginité - jeudi 19 juin, la cour d'appel de Lille devait rendre sa décision.Nul ne sait combien elles sont, chaque année, en France, à faire "recoudre" leur hymen pour l'honneur de leur futur mari. Dans les discrètes maternités et hôpitaux où l'opération est réalisée, les médecins facturent l'acte à d'autres titres, comme la pose de stérilet, et le remboursement de la Sécurité sociale est fonction de cette cotation. Dans les cliniques privées, il est classé avec la mention vague : "Chirurgie intime." Les noms des médecins compatissants circulent ensuite sur les forums Internet spécialisés.L'ordre national des médecins s'est prononcé contre ces interventions. Contre les certificats de virginité aussi, mais sans pour autant avoir les moyens de les interdire. Les gynécologues et chirurgiens qui pratiquent malgré tout l'opération le font parfois par militantisme, mais le plus souvent par "principe de réalité". Pleins d'états d'âme dans tous les cas. Notamment quand des jeunes femmes comme Leïla viennent confier leur histoire. "A chaque fois, je me remets en cause", explique Marie-Laure Brival, 52 ans, gynécologue-obstétricienne, chef de service à la maternité des Lilas, en Seine-Saint-Denis. Mais finalement, je réagis en médecin. Ce n'est pas à moi de juger. Et ce n'est pas en refusant l'acte que je vais changer la situation, cela doit venir des filles elles-mêmes."Pour Leïla, silhouette élancée, yeux sombres cerclés d'eye-liner, cadre commerciale, ce sont ses vacances d'adolescentes "au bled" qui ont scellé son hyménoplastie d'aujourd'hui. Elle avait 16 ans quand elle a rencontré Younès, de quatre ans son aîné, étudiant en informatique. Leurs premières relations sont restées platoniques. Mais suffisamment explicites pour que, d'été en été, la fébrilité amoureuse ne tarisse pas. En 2004 pourtant, quand la jeune fille devenue majeure revient pour les vacances, l'élu de son coeur a "basculé dans l'extrémisme". Il lui avoue son attirance, mais la prévient : avec ses convictions religieuses et son éducation, "il ne peut plus rien (lui) promettre dans l'immédiat".Désespérément amoureuse, Leïla se résigne. Deux ans durant, depuis la France, elle apprend à se contenter d'échanges sur MSN. "On parlait de la pluie et du beau temps pour éviter d'aborder des sujets impurs, se désole-t-elle. Alors, ce qui devait arriver arriva." Dépressive, profondément déçue, elle rencontre finalement un étudiant de son âge, à Nantes. Elle a 21 ans et croit avoir dépassé ce premier chagrin d'amour. Jusqu'au jour de leur premier rapport sexuel. "C'est terrible, parce qu'à l'instant T, j'ai immédiatement pensé à Younès, raconte-t-elle. Tout de suite, je me suis demandée comment j'allais faire. Tout de suite, j'ai pensé à l'opération." Pas naïve, cultivée. Mais amoureuse.Certains s'insurgent. "Si à l'avenir on nous demande des excisions, il va falloir le faire aussi ?" interroge Jacques Lansac, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Pour lui, comme pour tous ceux qui luttent pour l'émancipation féminine, l'hyménoplastie "réifie" la femme. "Est-ce que l'on demande un certificat de puceau ?" s'agace le docteur Stéphane Saint-Léger, chef du service gynéco-obstétrique de l'hôpital d'Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, qui pratique malgré tout l'opération.L'acte médical est d'autant plus contesté qu'il n'est enseigné nulle part. Pas plus en fac de médecine que dans les manuels spécialisés. La théorie le présente comme un geste technique qui consiste dans les cas les plus simples à recoudre les lambeaux d'hymen. "Sauf que ce n'est pas une opération faite pour se voir, toutes les dérives sont possibles", relève Sylvie Abraham, chirurgien esthétique, spécialiste de chirurgie intime à la clinique privée Elysées-Montaigne.La "dérive" est, au moins, dans les prix pratiqués. Une centaine d'euros dans le public, jusqu'à 3 500 euros dans le privé. "Il n'y a pas de business !", jurent les cliniques privées. Les hyménoplasties restent "marginales" au regard du nombre massif de nez et de seins "refaits" de la même manière au quotidien...En France, l'hyménoplastie se pratique depuis plus de vingt ans, et, selon le CNGOF, les demandes ne sont pas en augmentation. L'intervention concerne essentiellement des femmes musulmanes, issues de familles d'origine nord-africaine. La pratique touche toutes les classes sociales. Certaines s'amusent de la médiatisation, et donc de la publicité d'aujourd'hui qui pourrait finalement aboutir à ce que les "machos ne soient plus jamais tranquilles"...En France, comme dans de nombreux pays, certaines femmes ont également recours à l'hyménoplastie après un viol. D'autres par fantasme. Depuis peu, le mouvement évangélique américain des "born again" encourage parfois ses adeptes à parfaire ainsi leur "repentance". Au point qu'à la clinique du Rond-Point des Champs-Elysées, à Paris, on reçoit pour cet acte jusqu'à 30 % de femmes d'autres confessions que musulmane : juives, hindoues, catholiques...l'été 2007, Leïla a désormais 24 ans. Elle est de nouveau en vacances en Algérie avec ses parents. Et, une nouvelle fois, les regards de Younès n'ont rien perdu de leur charme. D'autant que, cette fois, le jeune Algérien est prêt à s'engager. Il demande sa main. Leïla est aux anges. Mais commence alors une année d'angoisse. Comme beaucoup de jeunes Françaises musulmanes soudain promises, elle est rattrapée par les traditions familiales. Sa mère, informée de sa liaison française, la met en garde : "Il faut assumer ses actes !" "La vraie difficulté de ces jeunes femmes, plus que la peur du crime d'honneur parfois invoqué, c'est de se couper de leurs racines. Elles sont écartelées entre deux mondes", analyse Philippe Faucher, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Bichat, à Paris.Leïla tergiverse effectivement, pianote sans fin sur Internet. "Un jour, j'ai trouvé une fatwa qui disait que tout ce que Dieu a caché par la nuit, il ne faut pas le divulguer. Pendant un temps, je me suis donc dit que je pouvais me permettre ce mensonge." Quelques séances de Web plus tard et c'est l'inverse : "Sur les forums, je voyais des accusations de "sorcellerie" et je changeais d'avis." Perdue, incapable de se décider, elle consulte à tout-va psychologues, conseillères conjugales. "Certaines parvenaient à me convaincre qu'il ne fallait pas faire cette opération, d'autres tentaient de me déculpabiliser en me disant que les couples ont toujours des petits mensonges."Lors de ses allers et retours en Algérie, Leïla essaie parfois d'aborder le sujet avec son futur époux. "Tu sais, ça ne saignera peut-être pas le soir des noces", tente-t-elle de prévenir entre deux nuits où, malgré tout, ils "font presque tout". 10 % à 20 % des hymens sont en effet qualifiés de "complaisants" : souples, ils ne cèdent pas d'emblée aux ardeurs masculines.Comme toutes les mères musulmanes, celle de Leïla, pour sa part, connaît les petits bricolages qui permettent de saigner à coup sûr le soir des noces : le foie de volaille au fond du vagin, le doigt coupé... Mais le stress de sa fille, qui frôle la dépression, la convainc de l'inciter à faire l'hyménoplastie. Alors qu'elle ne voit pas forcément d'un bon oeil le mariage avec ce Younès, trop religieux à son goût.Au mois de mars, prise par le temps, et pour sa "tranquillité", Leïla se décide donc. "Je me suis dit que, de toute façon, si je lui expliquais, il ne comprendrait pas, et que c'était presque égoïste de lui dire." Son futur mari "n'est pas prêt" à cette révélation, "même si (elle) n'aime pas cet aspect-là de lui". Aujourd'hui, elle ne voudrait surtout pas que son histoire soit prise comme modèle, et elle insiste : "Si ça n'avait pas été lui, je ne l'aurais pas fait."Le jour de l'intervention, elle y est allée seule. Comme la plupart des jeunes femmes. Sans en parler à sa mère. Dans les cliniques privées, certaines insistent pour se faire opérer sous un faux nom. Même s'il arrive qu'une future épouse s'y rende accompagnée de son futur époux - souvent présenté comme son "frère" -, l'hyménoplastie reste un secret qui se porte seule. A vie. Et devant Dieu, comme le redoutent souvent les croyantes comme Leïla.! "

«Enfant tyran : un phénomène qui préoccupe les psychiatres»

Par Catherine Petitnicolas, le figaro.fr du 06/06/2008 PSY EN MOUVEMENT  n° 06062008

Juristes, psychanalystes et psychiatres s'alarment du phénomène de l'enfant roi, de plus en plus fréquent aujourd'hui. Et insistent sur la nécessité de réapprendre aux parents la valeur des limites et des interdits.

«Je rencontre des parents totalement désemparés, qui viennent épuisés à ma consultation avec des petits de trois ans dont ils n'arrivent pas à venir à bout. Quand je demande au bambin : “Sais-tu pourquoi tu es ici ?» , la réponse fuse : “ben oui, c'est parce qu'ils ne veulent pas faire ce que je veux…”» Hautement significative, l'anecdote est relatée par la psychanalyste Arlette Garih (centre hospitalier Cochin-Port-Royal) à Paris à l'occasion d'une conférence organisée le 4 juin par le Comité national de l'enfance. «L'enfant roi ou la perversion des droits de l'enfant», un thème d'actualité dans un monde en pleine mutation où bien des adultes jeunes et moins jeunes ont mis aux oubliettes le modèle éducatif autoritariste pour privilégier celui du «laisser-faire» . Ils ont gommé la nécessité de poser des limites structurantes à leur bambin les transformant peu ou prou en petit tyran. Pour cette psychanalyste, bon nombre de parents ont perdu tout bon sens. Ils se sentent totalement déboussolés. «Je ne dis plus non à mon enfant car ensuite, s'il ne veut pas, je ne sais plus quoi lui dire», entend-elle fréquemment dans sa consultation.

«Les règles de l'éducation ont tellement changé depuis cinquante ans que les adultes ne savent plus à quel système se référer», analyse Marie de Chambure, juriste et maman de deux jeunes enfants. «Submergés d'informations diverses, voire contradictoires sur l'éducation, ils sont désemparés. Beaucoup relatent un quotidien gâché par des conflits permanents. À propos de tout (repas, promenades, coucher). Et surtout de rien.» Tant et si bien que la vie devient impossible à la maison, mais aussi à l'extérieur, dans la rue, au square, à l'école…

On incrimine pêle-mêle Mai 68 et son refus de l'autorité, une psychanalyse mal digérée, les divorces précoces, les familles monoparentales, la télévision qui privilégie la recherche de plaisir immédiat, le manque de temps des pères mais aussi des mères. Travaillant presque toutes à l'extérieur, elles n'ont guère envie d'être dans le conflit lorsqu'elles retrouvent le soir leur couvée. «Aux prises avec une forte culpabilité liée à l'idée de faire trop de choses pour toutes les mener à bien, les mères souffrent de ne pas profiter assez de leurs enfants», poursuit-elle. «Elles perdent confiance dans leurs capacités d'éducatrice.» De son côté, l'enfant sent vite la faille et en profite pour imposer ses volontés. «Il ne demande pas. Il exige. Ses choix sont illimités et contradictoires. Les adultes sont à sa disposition.»

Pour la pédopsychiatre Marie Bérengère de Chouly de Lenclave (Paris), «parler d'enfant roi est un quasi-pléonasme aujourd'hui» . Rappelant l'existence d'une phase d'opposition normale entre l'âge de deux et trois ans, correspondant à l'émergence de la conscience de soi durant laquelle le bambin va vouloir imposer ses désirs, elle rappelle qu'il existe en parallèle la conscience des autres et en particulier celle des parents et des éducateurs. Ceux-ci vont ou pas poser des limites à ce sentiment de toute-puissance.

Culpabilité parentale

Mais comment glisse-t-on de l'enfant roi à l'enfant tyran ? Du côté des adultes, ceci passe par des erreurs d'appréciation face à l'agressivité de leur petit démon du type «il sait se défendre lui, ou ça lui passera avec l'âge». Ou alors par une tendance à psychologiser ces comportements difficiles et à formuler des préceptes éducationnels trop généreux, voire laxistes. «Je ne le frustre pas car je ne veux pas qu'il soit malheureux», disent-ils naïvement. «On retrouve aussi une grande culpabilité parentale», constate cette psychiatre. «Tant et si bien que ces parents négocient beaucoup trop, évitent tout conflit par peur des représailles, dans un immense sentiment d'impuissance et de capitulation. Leur seule issue : rejeter la faute sur l'extérieur, la crèche ou l'école.» Du côté des enfants, cette prise de pouvoir agrémentée de colère et de chantage affectif du style «t'es pas belle, t'es grosse, t'es méchante» est suivie de phase de câlins réparateurs durant laquelle ils tentent de se faire pardonner. Tout en se posant régulièrement en victimes dès que l'on s'oppose à eux.

Quels conseils donner aux pères et aux mères d'aujourd'hui qui trop souvent n'osent pas affirmer leur autorité ? Pour la juriste Marie de Chambure, «éduquer un enfant, cela a un prix que certains adultes ne veulent pas ou ne peuvent pas payer. Cela demande du temps, du courage, en particulier celui de ne pas se soustraire aux conflits» . Éduquer un enfant, c'est aussi ne pas hésiter à lui déplaire, à le contrer, à savoir affronter sa colère. «Il paraît essentiel de réhabiliter et de réapprendre aux parents la valeur des limites et des interdits.»

«Les ''psys'' de service à la télévision »

Par Macha Séry, Le Monde

Depuis trente ans et les chroniques de Françoise Dolto sur France Inter dans l'émission " Quand l'enfant paraît " de Jacques Pradel, les psys sont sortis de leur cabinet de consultation pour investir la sphère médiatique. A la télévision, l'un des pionniers de cette vulgarisation fut - à la grande surprise de la communauté des psys -, le très sérieux spécialiste de Lacan, Serge Leclaire, qui officia en 1983 au côté de Pascale Breugnot (Ego Productions) sur le plateau de " Psy show ". Dans le premier numéro de ce talk-show d'Antenne 2, un pompiste (!) évoquait ses problèmes sexuels. Ce magazine de confessions intimes fut très critiqué à l'époque pour son voyeurisme. Il ouvrit toutefois la voie à " L'amour en danger " lancé par la même productrice et à d'autres magazines fondés sur des témoignages personnels souvent éclairés par l'avis d'un psy ; ceux de Mireille Dumas (" Bas les masques ", France 2, puis " Vie privée, vie publique ", France 3) et ceux de Jean-Luc Delarue (" Ça se discute " et " Jour après jour " France 2).

Cette tendance télévisée témoignant d'un " passage du singulier au collectif ", révélateur d'une mutation profonde des sociétés occidentales, a été analysée en 2005 par la sociologue Dominique Mehl dans La Bonne Parole (éd. La Martinière). Dans la lignée de la littérature de développement personnel chère aux pays anglo-saxons, le petit écran accorde une large place aux experts de la psyché sollicités sur tout : relations conjugales et familiales, problèmes de vie quotidienne ou de réussite sociale, adolescence difficile, etc.

Toujours une parole bienfaisante, une formule qui galvanise, un conseil de bon sens. Quelques psys cathodiques excellent dans l'exercice et constituent un vivier d'invités réguliers des talk-shows, magazines, docu-réalités. Serge Hefez, Serge Tisseron, Stéphane Clerget, Marcel Rufo ou encore Alain Meunier sont devenus des visages familiers pour les téléspectateurs. En 2004, le psychiatre et thérapeute familial, coauteur des collections documentaires pour France 5, " Accro " (2000) et " Psyché " (2001) intervenait dans le magazine " Psychologie, un moment pour soi " (France 5) en 2004. La même année, il commentait divers cas de relations conflictuelles dans la série " Affaires de famille " sur M6. De son côté, le pédopsychiatre Stéphane Clerget dressait des diagnostics express et esquissait des pistes de changement dans " Quelle famille ! ", proposé en 2005-2006 par M6, tandis que sur la même chaîne, Alain Meunier, fondateur d'Urgences psychiatrie, intervenait dans les foyers en crise avec " Il faut que ça change ! ".

Le directeur passionné de la Maison des adolescents de l'hôpital Cochin à Paris, Marcel Rufo, est aussi l'un des chouchous des médias, dont les livres, comme ceux de Christophe André, cartonnent en librairie. A la radio, ce célèbre pédopsychiatre, auteur d'Œdipe toi-même (éd. Anne Carrière, 2000) et Frères et soeurs, une maladie d'amour, aborde les questions concernant les adolescents et les jeunes adultes dans " Générations Europe 1 ". A la télévision, son travail a fait l'objet de plusieurs reportages et documentaires, dont Quand les ados changent les règles, sur France 5 en 2005

«Des souvenirs oubliés peuvent renaître sous l'effet de stimulations électriques du cerveau »

Par Jean-Yves Nau, Le Monde   PSY EN MOUVEMENT n° 30012008  Neurologie et mémoire

Un homme traité pour une obésité sévère au moyen d'électrodes intracérébrales a revécu une scène vieille de trente ans et a vu ses capacités mnésiques améliorées

Il est possible, en stimulant une région spécifique du cerveau, de réveiller certains souvenirs disparus et d'améliorer les capacités mnésiques. Telle est la spectaculaire conclusion à laquelle sont parvenus les membres d'une équipe médicale canadienne dirigée par le professeur Andres M. Lozano, chef de la division de neurochirurgie au Toronto Western Hospital. Publiée, mercredi 30 janvier, par le journal en ligne de l'Association américaine de neurologie, cette observation a été faite, par hasard, chez un homme âgé de 50 ans pesant 190 kg, chez lequel on expérimentait la technique de stimulation électrique intracérébrale profonde pour obtenir une modification du comportement alimentaire.

Développée avec succès en France par le professeur Alim-Louis Benabid (CHU de Grenoble) dans le traitement de certaines formes de maladie de Parkinson, cette technique est aujourd'hui expérimentée pour soigner un nombre croissant de maladies telles que les obésités morbides ainsi que des affections neurologiques ou psychiatriques.

Les neurochirurgiens canadiens expliquent que durant la période où ils pratiquaient, au moyen d'électrodes intracérébrales, la stimulation d'une région très précise de l'hypothalamus, leur patient a subitement eu la perception d'une scène familière, vécue trente ans auparavant. "Il a retrouvé, en couleurs, le souvenir d'un épisode où il était dans un parc avec des amis, rapportent les auteurs de la publication. Il a reconnu sa petite amie de l'époque parmi les gens présents qu'il voyait marcher et entendait parler sans comprendre précisément ce qu'ils disaient. Lui-même observait la scène sans se voir."

Les auteurs rapportent, en outre, que la précision de cette impression de "déjà-vu" augmentait parallèlement à l'intensité de la stimulation. Différentes précautions méthodologiques ont été prises qui permettent, selon eux, d'affirmer que c'est bien cette forme de stimulation qui est directement à l'origine du phénomène. Ils ajoutent que la répétition de ces stimulations a conduit à une amélioration générale des capacités mnésiques : après trois semaines d'impulsions électriques, le patient montrait des performances accrues dans des tests d'apprentissage.

"Pour brève qu'elle soit, la publication de l'équipe canadienne est, à mon sens, très importante et soulève de très intéressants problèmes, souligne le professeur Benabid. L'effet secondaire mis en évidence est très probablement dû à la diffusion du courant électrique à des faisceaux voisins qui se projettent sur la zone voisine de l'hippocampe, ce qui peut interférer avec la mémoire et son évocation. C'est, selon moi, la première fois que l'on met en évidence la possibilité d'augmenter une fonction cérébrale qui n'était pas auparavant altérée
."

Il faut toutefois, selon lui, bien se garder d'en déduire que l'on pourra traiter de la sorte les troubles de mémoire, à commencer par ceux dont souffrent les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Pour le professeur Benabid, il ne faut pas non plus interpréter cette observation neurophysiologique comme la démonstration que l'on pourra bientôt améliorer artificiellement certaines fonctions intellectuelles humaines.

«L'olfactothérapie : raviver les émotions par les odeurs »

Par Sylvie Vaz, linternaute.com  PSY EN MOUVEMENT  n° 19032007

L'olfactothérapie est une forme de thérapie très récente et peut contribuer à ''faire sauter'' nos verrous intérieurs.  L'odorat fait partie de nos sens primitifs, mais il est trop souvent dominé par la vue et le goût. 

Si vous avez des difficultés à faire ressortir des souvenirs refoulés ou que vous souffrez de certains blocages, mais sans vraiment en connaître la cause, l'olfactothérapie peut vous venir en aide. Cette pratique récente, a aidé de nombreux malades n'arrivant pas à faire remonter des blocages à la surface.

L'olfactothérapie s'appuie sur les odeurs et leurs vibrations de 76 huiles essentielles pour aider les personnes qui consultent à retrouver et abandonner des angoisses, des traumatismes du passé ou certaines dépendances. C'est une méthode nouvelle et peu utilisée. Toutefois, elle peut être efficace chez des patients souffrant de troubles dont la source n'est pas clairement identifiable et où la thérapie par la parole montre ses limites. Elle permet aussi de réduire le temps de thérapie en allant plus vite et en court-circuitant le cheminement mental habituel.

Cette technique a été mise au point par le thérapeute Gilles Fournil en 1992. Ce dernier s'était rendu compte que l'odorat était négligé dans les thérapies alors que, selon lui, une odeur peut susciter des émotions enfouies par le subconscient. C'est un sens qui permet de rentrer profondément dans l'inconscient du patient et de lui remémorer spontanément des passages de sa vie. Les chemins qu'empruntent les odeurs sont directement liés à notre système limbique, autrement dit, à nos émotions. C'est un cheminement primitif mais souvent peu sollicité, au profit de structures plus complexes comme celle de la mémoire ou de l'attention.

Faire remonter les émotions et les souvenirs

La plupart des patients soignés par l'olfactothérapie ne se sentent pas forcément "malades". Ils ont des blocages, plus ou moins grands, qui les handicapent dans leur vie. Les odeurs des huiles essentielles sont utilisées dans le cadre d'une thérapie de ce genre. Au cours d'une séance, le patient est allongé sur le dos, les yeux fermés, pendant que le thérapeute va lui faire sentir des mouillettes imprégnées. C'est ensuite le moment pour lui de faire un "voyage intérieur" car l'odeur va lui permettre de se remémorer des émotions et des souvenirs. C'est le patient qui s'exprime et qui raconte au thérapeute ce qu'il ressent. Ainsi, il cristallise son ressenti par la parole et lui donne un sens. Un événement qui semble anodin peut, dans un séance d'olfactothérapie, se révéler finalement déterminant dans la vie du patient. Ce dernier identifie lui-même ses petits freins intérieurs et découvre ce qu'il doit traiter.

 Cette technique peut aussi s'avérer très utile dans des traitements légers pour gommer certaines dépendances. Ainsi certaines odeurs vont avoir un rôle calmant sur les personnes en période de sevrage, soit en lui permettant de sentir l'odeur de ce dont ils doivent se séparer, soit en humant des huiles essentielles aux vertus apaisantes, comme la marjolaine par exemple. Le patient voit ainsi son sentiment de dépendance calmé par les émotions positives et de bien-être suscitées par les odeurs. Dans une utilisation plus originale, cette thérapie a déjà été utilisée chez des personnes au régime pour apaiser des fringales.

Autre cas, celui des ateliers olfactifs mis en place dans certains hôpitaux de la région parisienne, à l'initiative d'une association, le Cosmetic Executive Women (CEW). Ces animations thérapeutiques s'adressent aux adultes patients des services de rééducation neurologique. Une olfactothérapeute, accompagnée de plusieurs autres membres du corps médical, va agir sur les sensations des patients dont les lésions cérébrales ne permettent plus une totale utilisation de la mémoire. Le jeu des odeurs, qui sont toutes plutôt simples et souvent synthétiques (de mer, fleurs, aliments...) vont lui permettre de retrouver des souvenir enfouis et même de reconstituer des histoires ou des événements. Il s'agit d'une pratique différente de celles des huiles essentielles et agit directement sur la mémoire.

 En pratique

L'olfactothérapie est une forme de thérapie très récente et n'a, pour le moment, pas suffisamment fait ses preuves. Il n'y a pas diplôme d'olfactothérapeute en tant que tel, mais des formations voient le jour, notamment avec le concepteur de la méthode. Certains psychothérapeutes pratiquent de plus en plus cette technique, mais aussi des naturopathes (leur profession étant déjà étroitement liée aux huiles essentielles).

Les séances se déroulent généralement en cabinet et seulement en présence du thérapeute. La thérapie dure en général quelques mois. Dans le cas des ateliers olfactifs du CEW, certains se font en groupe, mais des séances peuvent aussi avoir lieu individuellement. Le nombre dépend du degré de souffrance du patient et de la nature de ses problèmes. Quant au prix, il dépend du praticien et de sa spécialité.

«La bisexualité définie comme ''troisième voie''»

Par Elisabeth Berthou, courrierinternational.com  PSY EN MOUVEMENT n° 18012008

Chez les femmes, la bisexualité n'est pas simplement une étape expérimentale ou transitoire dans un cheminement vers l'homosexualité, mais une troisième orientation sexuelle distincte. Telle est la conclusion d'une étude publiée dans le numéro de janvier de la très sérieuse revue américaine Developmental Psychology. 

Le Pr Lisa Diamond, chercheuse en psychologie à l'université de l'Utah, et son équipe ont suivi pendant dix ans (de 1995 à 2005) un groupe de 79 femmes non hétérosexuelles. Les participantes étaient âgées, au début de la recherche, de 18 à 25 ans. Celles-ci s'identifiaient comme lesbiennes, bisexuelles ou ne se retrouvaient dans aucune de ces catégories. 

Le quotidien de Toronto The Globe and Mail a interrogé le Pr Diamond sur sa motivation dans cette recherche. "Nous sommes dans une culture qui a une vision très rigide des catégories sexuelles : dans l'esprit des gens, si vous n'êtes pas gay, c'est que vous êtes obligatoirement hétérosexuel. Il en découle que la bisexualité n'apparaît pas comme un réel comportement." 

L'étude montre que parmi les femmes se définissant comme bisexuelles en 1995, 92 % se déclarent toujours bisexuelles dix ans plus tard. Parmi celles se définissant comme lesbiennes en 1995, 66 % se déclarent aujourd'hui toujours lesbiennes, 19 % sont devenues bisexuelles et 16 % ne se sont pas identifiées. Et, fait notable, aucune des femmes se définissant comme lesbiennes en 1995 n'est devenue hétérosexuelle. 

"La sexualité féminine est relativement souple, commente le Pr Diamond, la distinction entre les femmes lesbiennes et les bisexuelles n'est pas rigide. Comme pour la plupart des gens, le comportement sexuel est lié à la personne que l'on rencontre." Ainsi, 17 % des répondantes sont passées d'une identité bisexuelle ou non qualifiée vers une hétérosexualité à un moment de l'étude. Mais plus de la moitié d'entre elles sont revenues vers une identité bisexuelle ou non qualifiée avant la fin de la recherche.

La bisexualité est un thème délicat à traiter, confie le Pr Diamond. "Les sujets qui s'identifient comme bisexuels sont souvent exclus des études sur le comportement sexuel parce que les chercheurs ne savent pas comment interpréter le résultat de leurs observations." En outre, les bisexuels n'osent pas participer à des recherches du fait que leur orientation concerne à la fois des hommes et des femmes, et qu'elle est souvent perçue comme "bizarre" par autrui. 

"Ils ne comprennent pas à quel point leur comportement est normal", déclare le Pr Diamond qui espère que la publication de ses recherches contribuera à rassurer notamment les jeunes gens qui ressentent une importante pression afin qu'ils se conforment soit à une stricte hétérosexualité, soit à un mode de vie gay. "L'une de mes participantes a ainsi expliqué à sa mère : ‘C'est comme avec un garage. Je serais heureuse de conduire une voiture rouge et je serais aussi heureuse de conduire une voiture bleue, mais mon garage n'est prévu que pour une seule voiture.'"

«La musique modifie le fonctionnement cérébral dès l'âge de 4 ans »

« La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée » disait Platon mais il semblerait que la pratique de cette activité puisse avoir un effet bénéfique sur d'autres capacités cognitives. Des auteurs canadiens se sont ainsi intéressé à l'effet d'un entraînement musical (Suzuki musical training) pendant un an chez des enfants âgés de 4 à 6 ans. Pour étudier les modifications de la plasticité cérébrale induite par la musique, les auteurs ont mesuré l'activité électrique (potentiels évoqués auditifs) induite par l'écoute d'un son (violon ou bruit). Cette activité électrique cérébrale a induit des modifications du champ magnétique focal cérébral qui ont pu être mesurées par magnétoencéphalographie, technique nécessitant un appareillage disponible dans de rare centres. Quatre potentiels évoqués magnétiques ont été identifiés et mesurés lors des 4 évaluations effectuées pendant l'année du suivi.
Sous l'effet de l'entraînement musical, il a été observé des modifications des latences de 3 de ces 4 potentiels surtout au niveau de l'hémisphère G après écoute d'une note de violon. Chez ces enfants ont été réalisés quelques tests cognitifs (empan digital et empan musical). Après un an d'entraînement, il a été observé une augmentation de l'empan numérique qui est généralement considéré comme un témoin de la mémoire de travail.
Il avait déjà été rapporté qu'il existait des modifications de certains potentiels évoqués chez les enfants pianistes mais le travail présenté par l'équipe canadienne démontre pour la première fois l'impact cérébral de l'apprentissage musical par des techniques neurophysiologiques. Ce résultat publié dans Brain témoigne de l'intérêt de ces nouvelles méthodes neurophysiologiques dans l'exploration du fonctionnement cérébral. Peut être que dans quelques décennies, nos descendants échapperont aux terribles auditions musicales et se soumettront à la magnétoencéphalographie  pour
contrôler leur progrès dans leur apprentissage...  mais faut-il le souhaiter ?


«Deux équipes de chercheurs ont réussi à « transformer des cellules de peau d’un individu en cellules d’embryon »
 

Libération, Le Parisien

Corinne Bensimon aborde dans Libération une « découverte majeure sur le chemin de la future médecine régénératrice qui rajeunirait les tissus lésés par la maladie et la vieillesse ». 
La journaliste indique en effet que « deux équipes de chercheurs ont annoncé, hier, avoir réussi à transformer des cellules de peau d’un individu en cellules d’embryon de ce même individu ». 
« Mieux, ces cellules ordinaires sont devenues, entre leurs mains, des cellules souches embryonnaires capables de générer, in vitro, toute la diversité des tissus de l’individu dont elles proviennent », continue Corinne Bensimon. 
La journaliste précise que les deux articles en question ont été « publiés en ligne l’un dans Science, signé par James Thomson (de l’université Wisconsin-Madison, Etats-Unis), l’autre dans Cell, signé par Shinya Yamanaka (de l’université de Kyoto, Japon) 

Corinne Bensimon interroge pour l’occasion John De Vos, qui « mène, au CHU de Montpellier, des recherches sur la même thématique que ces équipes ». 
Le biologiste observe que « Thomson et Yamanaka montrent qu’il n’est plus obligatoire d’en passer par la case «embryon» – fécondé in vitro ou issu de clonage – pour avoir des cellules embryonnaires ». 
Le spécialiste note toutefois que « pour savoir si les cellules ainsi obtenues ont les mêmes capacités que celles des embryons, il faut bien travailler sur l’embryon… ». 
John De Vos remarque en outre que « ce travail est une preuve de principe qu’il est possible d’obtenir des cellules très proches, sinon identiques, à des cellules embryonnaires souches, à partir de cellules adultes ». 
« Mais il reste encore beaucoup à faire. Il faut notamment trouver un agent biologique ou chimique capable de faire le travail de ces quatre gènes insérés dans le génome des cellules adultes », explique le biologiste. 
Le Parisien consacre pour sa part quelques lignes à cette découverte qui « ouvre un accès potentiellement illimité au remplacement de tissus ou d’organes endommagés ».

«Une grossesse interrompue peut avoir des répercussions sur le prochain enfant. 

Certaines femmes peuvent encore souffrir dix ans après la perte de leur foetus. 

Par Interview (Le Monde) de Stéphane Clerget, psychiatre et pédopsychiatre
BARTOMEU AMENGUAL/GAMMA Les femmes qui perdent un enfant avant terme peuvent en concevoir une grande culpabilité et le vivre comme un échec personnel.

Source PSY EN MOUVEMENT n° 27112007

Vous venez de publier un livre sur les répercussions psychologiques des interruptions de grossesse, volontaires comme les IVG ou involontaires comme les fausses couches. Pourquoi ce travail ?

Certaines femmes peuvent encore souffrir dix ans après la perte de leur foetus. Ces traumatismes ne sont pas pris en considération, ou très peu, par l'entourage, la société, et la douleur peut s'enkyster. Mais si on évoque les conséquences psychologiques des IVG, on risque de devenir suspect de soutenir les mouvements anti-avortements. Par ailleurs, on ne plaint pas une femme qui a fait une IVG parce qu'on considère qu'elle l'a voulue. On parle peu également des interruptions de grossesse non désirées qu'elles soient médicales ou qu'il s'agisse de fausses couches. Les médecins ont tendance à évacuer le sujet en expliquant à leurs patientes que "c'est la sélection naturelle", que "c'est mieux comme ça", qu'"il faut vite refaire" un bébé. Aujourd'hui, dans une société où l'on maîtrise la procréation, les femmes qui subissent ces pertes peuvent en éprouver de la honte, le vivre comme un échec personnel ou en concevoir beaucoup de culpabilité en pensant qu'elles ont été trop actives, qu'elles n'ont pas pris toutes les précautions.

Vous expliquez que les enfants également peuvent en être affectés...

Un deuil non fait peut être inoculé à son enfant. Plus ils sont jeunes, plus les enfants sont réceptifs à la douleur de leur mère. Ils expriment alors de la tristesse, des troubles du sommeil, ou encore de l'irritabilité, de l'agitation, de l'hyperactivité... Ce sont autant de façons de lutter contre le repli de leur mère. Ils peuvent également éprouver un sentiment de culpabilité pour avoir désiré la disparition d'un rival annoncé. Certains petits peuvent imaginer que le foetus mort a été digéré par leur mère. Ils peuvent alors craindre d'être à leur tour dévorés et par conséquent prendre de la distance vis-à-vis de leur mère. Il faut parler aux enfants de la fausse couche, leur dire que le foetus "n'a pas voulu naître" pour les déculpabiliser.   Une grossesse interrompue peut aussi avoir des répercussions sur le prochain enfant. La femme enceinte peut se retenir de trop investir le futur nouveau-né afin d'anticiper une éventuelle perte. Si la mère n'a pas fait le deuil de l'enfant idéal qu'elle portait, elle peut considérer inconsciemment celui qui le suit comme un enfant de remplacement qui se doit d'être à la hauteur d'un être idéalisé, donc sans défaut.

Que préconisez-vous pour aider les mères ?

Il faut légitimer la douleur morale liée à la perte du foetus. Dans le cas de fausses couches tardives, de mort in utero, ou d'interruptions médicales de grossesse à partir de 5 mois, il est possible d'inscrire l'être à l'état civil ou sur le livret de famille. Mais il reste à mettre en place des rituels laïques ou religieux pour ceux qui le souhaitent. Dans le cas de fausses couches plus précoces, il faut aider la mère à se détacher de son enfant perdu en lui proposant systématiquement une consultation psychologique. Je pense à la violence que vivent des femmes qui ont perdu leur foetus en allant aux toilettes. C'est une douleur inaudible et indicible pour beaucoup qui peut justifier une prise en charge spécialisée.


«Le déni de grossesse et la solitude des futures mères»
     

Par Sophie Marinopoulos 
Ce texte est paru dans l’humanité des débats le 1er septembre 2007 (propos recueillis par Antoine Aubert)

Le déni de grossesse est un processus grave et qui n’est pas récent. Il s’agit d’une non-prise de conscience de la réalité. Il y a une altération de la représentation de l’enfant : la femme se dit « je ne suis pas enceinte, il ne se passe rien ». Le phénomène peut parfois perdurer durant les neuf mois. Au moment de l’accouchement, la mère se trouve alors confrontée à une réalité qu’elle ne peut plus affronter. Elle va vouloir l’annuler. Il existe également un autre processus, appelé dénégation qui, pour sa part, prend en compte cette réalité. On se situe dans le « je sais mais je ne veux pas savoir ». Il n’y a pas cependant, là encore, de représentation de l’enfant. Dans les cas les plus dramatiques, on en arrive à l’infanticide. Il n’y a pas de catégorie sociale plus touchée qu’une autre. Le psychisme ignore le social. Nous sommes tous fabriqués de manière identique, avec un inconscient qui possède une « alimentation » et une histoire propres. Toutes les tranches d’âge, tous les milieux sont donc concernés, y compris les mères qui ont déjà eu des enfants. Dans ce dernier cas, on constate néanmoins qu’il y avait eu précédemment des annonces de grossesse tardives ; le phénomène n’était pas entièrement nouveau. Toutefois, il n’y a pas d’explication toute faite : cessons de chercher des éléments de réalité dans des histoires psychiques. On aimerait avoir une explication rationnelle, s’apercevoir que la mère a été maltraitée, qu’elle est pauvre, et « justifier » ainsi ses actes postérieurs. Or, on se situe dans le domaine du psychisme. 

Pour ces femmes qui vont jusqu’à tuer leur progéniture, une fissure apparaît cependant au moment de la grossesse. Le travail traditionnel de maternité ne commence en effet pas au moment de la mise au monde. Durant neuf mois, la mère va imaginer son enfant, le mettre en scène, lui faisant prendre une représentation humaine. Il devient un sujet, un être différencié. Il n’y a pas tout cela dans le cas des mères infanticides. Elles n’ont pas construit un personnage. Le bébé décède parce qu’il n’a jamais été, au cours de cette période, un être humain à part entière. Il est traité comme un déchet. 

L’entourage va souvent adhérer au déni de la mère, même s’il peut y avoir un soupçon. Il est intéressant du reste de constater que les personnes qui doutent ne vont pas aller vers la femme pendant la grossesse mais vont agir après l’accouchement, par exemple en appelant la police. Elles font ainsi venir le réel par l’extérieur et ne parlent que dans l’après-coup. Dans ce genre de couple, on voit souvent qu’il n’y a pas beaucoup de démonstration des émotions. Les mères peuvent mettre énormément de temps à réaliser leur acte après avoir été découvertes. Cela leur vaut des ennuis au cours des procès car elles apparaissent comme froides, déconnectées. Il est néanmoins très important pour elles que la réalité arrive sur un mode social (en l’occurrence la police), puis qu’elles soient jugées. Le pire, pour elles, serait de dire qu’il ne s’est jamais rien passé, qu’elles ne sont pas responsables. Elles ne pourraient alors jamais s’en sortir. Il faut donc qu’elles soient reconnues coupables, mais avec des peines qui prennent en compte les soins et le fait que la vie continue. 

Ce qui me frappe aujourd’hui, dans le cas de ces femmes qui avaient déjà eu des enfants, c’est qu’on ne prend pas en compte ces autres progénitures. Or, en les éloignant de celle qui les a mises au monde, avec qui en général elles s’entendent très bien, on punit également ces personnes. Ces femmes ne sont pourtant en aucun cas des mauvaises mères. Il faut arrêter de s’identifier à l’enfant mort et se dégager de l’horreur. D’une manière plus générale, je soulignerais enfin que toutes les femmes qui attendent un enfant souffrent d’une grande solitude. Je milite fermement pour la prise en charge du psychisme des femmes au cours de la grossesse. Nos maternités s’occupent efficacement mais uniquement de l’aspect physiologique. Or, ces femmes ont également besoin d’un important soutien psychologique. Elles doivent en effet faire face à une grande angoisse. 

Sophie Marinopoulos a publié Neuf mois, etc. (avec Israël Nisand, Fayard, 2007) et le Corps bavard (Fayard, 2007). On trouvera en ligne ici son livret Le déni de grossesse (Yapaka 2007). 

«Rechutes en dépression: thérapie familiale plutôt que hausse d'antidépresseurs»
 

Par Journal of Clinical Psychiatry
Source PSY EN MOUVEMENT n° 13102007 

La thérapie familiale est plus efficace que la simple augmentation de la dose d'antidépresseur pour éviter les rechutes lors d'un traitement à long terme d'une dépression majeure sévère, selon une récente recherche publiée dans le Journal of Clinical Psychiatry. 

"Ces résultats illustrent l'importance des événements de la vie et de l'équilibre familial chez les personnes traitées pour des épisodes répétés de dépression", commente Dr. Giovanni A. Fava de l'Université de Bologne (Italie), principal auteur de la recherche. "Si une personne prend des antidépresseurs mais vit beaucoup de stress, particulièrement à l'intérieur de la famille, elle a besoin d'une aide à ce niveau et non pas de plus de médicaments", considère le chercheur. 

L'équipe de recherche a recruté 20 personnes ayant fait une rechute en dépression malgré une bonne adhérence au traitement par antidépresseur.
La moitié des participants maintenaient le dosage de leur antidépresseur tout en participant avec leur conjoint(e) à 6 sessions d'une heure (aux deux semaines) de thérapie familiale. Les conjoints discutaient avec un clinicien pour identifier les problèmes familiaux et les événements liés à la rechute et développer des étapes de résolution de problèmes pour composer avec ces situations. 

Pour les dix autres participants, le dosage de leur antidépresseur était augmenté et ils recevaient du support et des conseils au besoin durant six sessions de 30 minutes aux deux semaines. Durant la période d'un an qu'a duré la recherche, 7 personnes sur 10 dans chacun des groupes ont surmonté l'épisode dépressif. Mais seulement une des 7 personnes dans le groupe d'intervention familiale a rechuté durant cette période comparativement à 6 dans le groupe de comparaison. 

Les rechutes peuvent souvent être associées à un événement spécifique de la vie, tel que la retraite ou des changements dans la famille, commentent les chercheurs. Ils recommandent que l'efficacité de l'intervention familiale pour les personnes souffrant d'épisodes de dépression majeure récurrents soit testée sur de plus grands groupes

«La dépression plus invalidante que plusieurs maladies chroniques»
 

Par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 
Source PSY EN MOUVEMENT n° 11092007


Selon une recherche de l'Organisation Mondiale de la Saté (OMS), la dépression serait plus invalidante que l'angine, l'arthrite, l'asthme et le diabète. L'état de santé des gens souffrant de ces maladies chroniques est également moins bon lorsqu'ils souffrent en même temps d'une dépression, ce qui est le cas d'une grande partie d'entre eux.  Pour cette recherche, 245.404 personnes de 18 ans et plus de 60 pays de diverses régions du monde ont été interrogées. 

Pour estimer la santé (ou l'invalidité), Somnath Chatterji et ses collègues ont développé une mesure qui utilise 18 questions portant sur la santé générale et l'invalidité au travail ou dans les activités de la maison et 12 questions relatives à la santé telles que sur le sommeil, la douleur, la cognition (mémoire, concentration, ...), les soins personnels, la vue, la mobilité, l'énergie et les activités interpersonnelles. 

Selon cette mesure, il n'y avait pas de différences significatives dans les niveaux d'invalidité apportés par l'angine, l'arthrite, l'asthme et le diabète alors que les gens souffrant de dépression présentaient une plus grande invalidité. Les gens souffrant d'une maladie chronique et de dépression avaient les moins bons résultats. Un pourcentage élevé de répondants ayant une maladie chronique souffrait également de dépression: 9.3% pour le diabète, 15% pour l'angine, 10.7% pour l'arthrite et 18.1% pour l'asthme. Chez les 7.1% de répondants ayant deux maladies chroniques ou plus, 23% étaient en dépression. 
Les chercheurs concluent notamment sur l'importance du traitement de la dépression.

«Aujourd'hui, on veut des bébés à tout prix »

René Frydman
L'Express numéro 2903

L'Express souhaite un « joyeux anniversaire » à Amandine, le « premier bébé-éprouvette français [qui] fête ses 25 ans le 24 février ».
Le magazine publie pour l'occasion un entretien avec le « père médical » de la jeune femme, le Pr René Frydman, chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine-Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine).
Le praticien relève notamment que « les mentalités ont beaucoup évolué » en France, ou encore note que « le don d'ovocytes pose problème, parce qu'on ne trouve pas de donneuses. [...] Personnellement, je pense que la règle de l'anonymat et de la gratuité trouve un peu ses limites ».
René Frydman déclare par ailleurs : « Nous avons connu depuis 50 ans une formidable accélération du progrès technique, en même temps qu'un bouleversement des mœurs et des modes de vie. Tout cela a créé une survalorisation de l'individu, en particulier de l'enfant, auquel on voue un véritable culte ».
« La stérilité apparaît aujourd'hui comme insupportable. Ce n'est plus «un quand je veux», c'est «un bébé à tout prix» », poursuit le spécialiste.
Le Pr Frydman relève que « la grande question est de savoir s'il faut imposer des règles pour tenir compte des autres, ou bien favoriser les désirs de l'individu, en particulier de celui qui a les moyens de les énoncer et de les satisfaire ».
Le praticien déclare en outre avoir « accepté le principe d'être médiatisé pour ne pas laisser s'installer les incompréhensions ou la désinformation sur ces questions que les journaux ne cessent de monter en épingle ».

«La péridurale gêne l'allaitement »

Le Point numéro 1790

Le Point indique dans un court article que selon une étude australienne portant sur 1 280 femmes de plus de 16 ans devenues mères d'un enfant unique, « les femmes ayant bénéficié d'une péridurale pour accoucher - voire d'une anesthésie générale en cas de césarienne - ont plus de difficulté à allaiter leur bébé ».
Le magazine note que « certes, la grande majorité de ces Australiennes ont allaité leur bébé soit complètement, soit partiellement pendant la première semaine du post-partum ».
« Mais les mères qui ont reçu des médicaments anesthésiques ont eu deux fois plus de mal à nourrir leur enfant et l'ont fait bien moins longtemps », précise Le Point.
L'hebdomadaire remarque que « pour les auteurs, les produits injectés lors de l'accouchement passent chez le nouveau-né, à travers le placenta. Or si l'enfant est engourdi, il prend moins facilement le sein qu'un biberon ».
« Et même si l'effet anesthésique est éphémère, les - mauvaises - habitudes, elles, s'installent durablement », ajoute le magazine.

«Une hormone « anesthésie le fœtus »
pour qu'il « endure plus facilement les traumatismes de la naissance »

Libération, Le Figaro, La Croix, Sciences et Avenir numéro 718

Libération indique que selon des travaux dirigés pour l'Inserm par Yehezkel Ben-Ari à l'Institut de neurobiologie de la Méditerranée (Marseille), publiés dans Science, « au moment de l'accouchement, le cerveau de l'enfant serait protégé par une hormone maternelle ».
Le journal explique que « l'ocytocine, sécrétée par la mère, et déjà responsable des contractions, aurait un effet anesthésiant sur les neurones du foetus, lui permettant d'endurer plus facilement les traumatismes de la naissance comme le manque d'oxygène ».
Libération note que pour le chercheur, « une telle découverte a des implications sur la prévention des accouchements prématurés ».
Le quotidien rappelle en effet que « quand la phase de travail se déclare trop tôt, les médecins prescrivent à la femme une molécule, l'atosiban, qui bloque l'effet de l'ocytocine, et donc les contractions. [...] Or, on sait que les dommages qui peuvent survenir au moment de la naissance sont susceptibles d'affecter le développement du cerveau du nourrisson ».
Libération relève que Dominique Cabrol, chef de service à la maternité de Port-Royal (Paris), « accueille ces travaux avec intérêt. [...] «Cela dit, explique le clinicien, ce type de médicament a une très faible durée d'action» ».
Le journal note que « Yehezkel Ben-Ari l'admet, mais rappelle que le cerveau du foetus «n'est pas un cerveau adulte en miniature : sa biologie est différente, comme sa réaction aux médicaments» ».
« Le chercheur invite donc à ne prescrire que des médicaments qui ont un impact sur le seul utérus », conclut le quotidien.
Le Figaro s'intéresse également à ces travaux réalisés chez la souris.
Le journal note lui aussi que « de tels résultats soulèvent de nombreuses questions sur la prise en charge des naissances prématurées ».
Le quotidien cite le Pr Ben-Ari, pour qui «il serait souhaitable de développer d'autres médicaments [à administrer à la mère]». 
« Comme par exemple ceux qui bloquent les récepteurs utérins mais pas au niveau des récepteurs neuronaux de l'enfant à naître », précise le chercheur.
La Croix remarque aussi que des chercheurs de l'Inserm, en collaboration avec des généticiens de l'université de Hambourg (Allemagne), « ont découvert que la mère informe et prépare le foetus au choc que constitue pour lui l'accouchement ».
Le journal retient que pour empêcher un accouchement prématuré, « il serait souhaitable de développer des médicaments très sélectifs, capables de bloquer les récepteurs de l'ocytocine au niveau de l'utérus, mais pas dans le cerveau du foetus ».
Sciences et Avenir publie pour sa part un entretien avec Yehezkel Ben-Ari.
Le chercheur rappelle que « le cerveau du fœtus n'est pas un petit cerveau adulte », ou encore note que la recherche « devient monovalente, dogmatique, consensuelle. [...] Il faut reconnaître, et pas seulement par des mots creux, l'importance de la recherche fondamentale
».

«Les liens familiaux face aux nouvelles formes de procréation »
Paru dans la Revue Autrement

Il y a encore vingt ans, un enfant éloigné de l'un de ses parents risquait bien de passer, en France, pour la victime d'un divorce, voire d'une infidélité conjugale. Il n'est aujourd'hui qu'un cas parmi d'autres de ce qu'on a pris l'habitude d'appeller les « recompositions familiales ». A vrai dire, le mot de « patchwork » conviendrait mieux tant ces situations ont peu à voir avec les règles traditionnelles qui régissaient les familles. Les bouleversements actuels ne concernent en effet plus seulement la traditionnelle « stabilité de la cellule familiale ». Ce bouleversement là a déjà eu lieu et il est entré dans les moeurs, de nombreux adultes ayant d'ors et déjà grandi avec un seul de leurs parents au milieu de demi-frères et de demi-soeurs. Aujourd'hui, les « liens » à maintenir ne concernent plus seulement ceux qui existent entre l'enfant reconnu par son parent géniteur et élevé par lui avant d'en être séparé, mais aussi des formes totalement nouvelles de relations conditionnées par l'évolution conjuguée des moeurs et de la médecine. L'ignorer conduirait rapidement à des problèmes humains dramatiques et insolubles

1) Mère et père : du rôle à la fonction

Dans les années 70, certains se risquaient encore parfois à évoquer les « rôles » du père et de la mère. Ce mot désignait à la fois les fonctions privilégiées de chacun des deux parents dans la division des tâches familiales et la fonction psychologique censée leur correspondre. En pratique, la femme à la maison et le père au travail étaient censés assurer un monde à deux pôles, « maternant » d'un côté et « paternant » de l'autre. Cet usage du mot "rôle" rendait en fait compte de la difficulté qu'il y avait à penser les diverses fonctions maternelles et paternelles séparément du personnage emblématique censé les incarner.

Suite de l'article

«Cancer : « Il faut aussi soigner le mental »

C'est ce que remarque Le Parisien sur une page.
Le journal indique que « c'est la thèse du psychothérapeute belge Thierry Janssen qui publie aujourd'hui «Vivre le cancer du sein autrement» [éditons Robert Laffont] à l'occasion du mois de sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein ».

Le Parisien explique que « selon cet ancien chirurgien, si l'on n'a pas de preuves formelles du lien entre stress et cancer, [...] on ne peut écarter l'importance de la prise en charge du mental dans la lutte contre la maladie ».

Le quotidien note toutefois que « du côté des scientifiques, la prudence est de mise ».
Le Parisien cite un « éminent cancérologue parisien qui préfère garder l'anonymat », qui remarque que « le tabac fait plus de morts que le stress ».

Néanmoins, « aujourd'hui, on peut vivre 15 ans avec la maladie comme une épée de Damoclès. C'est là que la tête en prend un coup. On ne peut plus écarter l'aspect psychologique dans la lutte contre le cancer », poursuit le spécialiste.

Le journal relève ainsi que « des voix commencent à s'élever pour réclamer haut et fort un meilleur accompagnement psychique des malades », car « dans ce domaine, la France a un train de retard ».

«La mémoire - Comment notre cerveau apprend, se souvient et oublie »

Les dossiers de La Recherche numéro 22

La Recherche publie un numéro spécial entièrement consacré à la mémoire,préfacé par Boris Cyrulnik.
Le magazine constate en effet dans son éditorial que « l'étude des troubles de la mémoire et de ses pathologies prend une acuité d'autant plus forte en des temps où le vieillissement de la population s'accompagne inéluctablement des maladies neurodégénératives de type Alzheimer ».
La Recherche publie notamment un texte de Serge Laroche, directeur du laboratoire de neurobiologie de l'apprentissage, de la mémoire et de la communication, à l'université Paris-Sud, Orsay, qui explique « comment les neurones stockent les souvenirs ».
Le magazine interroge en outre Hervé Allain, qui dirige le laboratoire de pharmacologie expérimentale et clinique de l'université Rennes 1, sur ces « nouvelles classes de médicaments pour la mémoire [qui] sont en cours d'évaluation ».
La Recherche livre aussi un entretien avec Martial Van der Linden, docteur en psychologie, sur « ce que révèlent les troubles mentaux ».
Le magazine remarque ainsi : « Qu'y a-t-il de commun entre un patient atteint de dépression, un amnésique et une personne sujette aux obsessions de doute et aux compulsions de vérification ? A première vue, peu de chose. Pourtant, il apparaît que ces trois états s'accompagnent d'un déficit affectant certains aspects de la mémoire épisodique », note La Recherche.

« Les fréquents suicides dans les campus & la santé mentale des étudiants
Source: le Quotidien du Peuple en ligne

L'acte désespéré du suicide chez les étudiants universitaires se banalise. Depuis le début de cette année, 15 étudiants d'universités se sont suicidés sur les campus de Beijing. Ces vies, tragiquement perdues, permettent de se rendre compte de la détérioration de la santé mental des étudiants dans les universités.

L'état mental des élèves d'universités est un point essentiel de recherche des psychologiques. Une récente étude montre que plus de 60% des étudiants universitaires ont des problèmes mentaux au-delà de la moyenne raisonnable ; mais plus grave encore, ce nombre est en constante augmentation. Un sondage sur ces étudiants a montré que 10,7% d'entre eux ont considéré le suicide comme solution à leurs difficultés.

Les experts ont souligné que les suicides sur les campus sont directement liés à la pression du cursus universitaire, du travail, de l'amour, des capacités financières & économiques, de conflit de famille ou d'autres fardeaux, avec la pression des charges des cours étant le premier tueur.

« Le suicide sur campus, provoqué par la pression universitaire, est une fatalité qui semble principalement ?uvrer que dans les célèbres universités » note un professeur de l'Université de Tsing Hua. La rude compétition, les examens constants dans les études, puis la compétition dans la recherche d'un travail conduisent ces étudiants à s'évader en abandonnant leurs vies.

Une étudiante en deuxième année de l'Université de Pékin a, en avril dernier

Suite des articles de la presse médicale et psychologique

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