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Malek CHEBEL

Pourquoi la psychanalyse ne s'est elle pas implantée dans le monde musulman ?
Malek CHEBEL
"Pourquoi la psychanalyse ne s'est elle pas implantée dans le monde musulman ?"

Psy en Mouvement
n° 11112006


Malek Chebel, éminent psychanalyste, anthropologue, philosophe et chercheur en islam.
répond à Amina Hadjiat

À peine arrivé au Salon international du livre d’Alger, Malek Chebel, éminent psychanalyste, anthropologue, philosophe et chercheur en islam, a tout de suite été plongé dans un débat autour du large et vague thème de “l’individu dans le monde musulman”. Et afin de centrer ce débat sur le domaine que maîtrise le mieux Malek Chebel, le modérateur entame la discussion par une première 

Question : pourquoi la psychanalyse ne s’est-elle pas implantée dans le monde musulman ?
Dans une démarche méthodique, Malek Chebel commence par raconter l’origine de la psychanalyse. “C’est une discipline occidentale qui a vu le jour au début du XXe siècle, elle est née en réaction contre les tabous sexuels imposés par l’Église dans les milieux bourgeois viennois et allemands”, explique-t-il. 

Et il précisera qu’après avoir été une science autochtone, elle deviendra populaire et traitera de sujets de société longtemps occultés par le pouvoir ecclésiastique, à savoir le viol, l’inceste, l’homosexualité, le divorce, etc. 


Pourquoi est-elle difficilement exportable vers le monde musulman ? 
“L’exercice de la psychanalyse est conditionné par deux impératifs : l’autonomie assumée du sujet et sa liberté d’expression qui doit être positive”, amorce-t-il. 

En effet, selon Malek Chebel, pour que la psychanalyse soit productive, il faut que le sujet fasse preuve d’honnêteté, car c’est sur la base de ce qu’il va raconter ou ne pas raconter que l’analyste fera son travail. Il pense qu’elle est difficilement exportable vers les sociétés musulmanes principalement pour deux raisons : “pour des raisons économiques car l’analyse coûte cher, et avant tout pour des raisons culturelles car la pudeur et le refoulement masquent la vérité. Une analyse ne donne de résultats que si elle se base sur la vérité sans tabous,” conclut-il. 

Puis le débat a été quelque peu biaisé par une assistance avide des réponses de l’intervenant connu pour sa réflexion “singulière” sur l’islam, et plus particulièrement son volet “sexualité”. 

Malek Chebel a donc été amené à s’exprimer sur l’image véhiculée, par l’Occident, d’un islam fondamentaliste, violent et intolérant. “Si je veux être crédible, je me dois de dire la vérité. Il y a des faits que nous musulmans ne pouvons nier : quelques pratiques de quelques musulmans posent problème aux Occidentaux, mais avant tout aux musulmans eux-mêmes. 
L’islam est malheureusement représenté par une minorité de musulmans qui prônent la violence”. 

Ainsi, selon Malek Chebel, les musulmans doivent lutter contre cette minorité qui représente mal l’islam et éviter de cette manière l’amalgame dans lequel se conforte l’Occident. 

Tendant lui-même la perche à  son public, Malek Chebel a ensuite été questionné au sujet de cet amalgame qui s’apparente plus à un business, servant de prétexte aux Occidentaux qui veulent critiquer l’islam et les musulmans dans le but de les affaiblir. Il commencera par affirmer l’existence de ce business autour de l’islamisme : “Il est vrai qu’en Occident, il y a un réel business de l’islamisme utilisé dans tous les domaines contre les musulmans en général, mais la peur de l’islam existe aussi. 

On a peur de ce qu’on connaît mal. Le véritable islam, celui des lumières, est silencieux. Il ne sait pas faire parler de lui. Nous sommes fautifs par notre non-réaction. Je me sens coupable à chaque fois qu’une bombe explose, à chaque fois que j’entends parler d’un attentat. C’est parce que l’islam est mal défendu, qu’il est craint et taxé de religion appelant à la haine, ce qu’il n’est évidemment pas.”


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