La thérapie familiale psychanalytique |
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De la Dépendance à l'émergence du sujet par Françoise BOUDOU ORLIAC |
Pourquoi
parler de la thérapie familiale à propos du processus d’émergence du
sujet ? Parce que
l’objectif de la thérapie familiale est que le sujet puisse advenir tout en
restant sujet de sa famille. La thérapie familiale psychanalytique
s’intéresse donc aux conditions qui rendent possible le processus de
subjectivation. Un conflit
oppose les psychanalystes autour de la cassure épistémologique entre
l’individuel et le groupal. L’unité du sujet, l’intériorité de son
psychisme, sa « pureté » semble ne pas s’articuler avec l’idée
du sujet en tant que sujet du groupe. Voici pourtant ce que Freud écrit dans
Psychologie des foules et analyse du Moi : « l’opposition entre la
psychologie individuelle et la psychologie sociale perd beaucoup de son acuité
si on l’examine à fond …La psychologie individuelle, déterminée par
les relations de l’individu avec les autres, est de ce fait, d’emblée une
psychologie sociale ». Sans doute la
prise en considération de cette dimension vient altérer notre illusion
individuelle, l’illusion d’une autonomie de la vie psychique, d’un
« pur » sujet ! Mais nous
sommes dans l’obligation de considérer que le nouveau-né humain, du fait de
son immaturité prolongée, dépend de son entourage pour ses besoins vitaux :
besoins somatiques et psychiques. Son état de détresse (ichflösichkeit) le
met dans une dépendance absolue à l’égard d’un entourage qui devra,
par ses soins, servir de substitut à la vie intra-utérine. Il est donc
d’emblée dans une situation de dépendance totale qui suscite le besoin d’être
aimé qui n’abandonnera jamais l’être humain Ce dernier
n’avait aucune chance de survivre si l’espèce humaine n’avait pas crée
un cadre pour le protéger à savoir, une société et ses institutions. La
famille en est une. Cette société impose un renoncement à la réalisation des désirs personnels, à l’omnipotence. Elle impose une sens à la représentation que ses membres ont de la vie, de la vérité : elle impose sa réalité. Par le langage et la langue, elle nomme cette réalité. |