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'L'enfant rêvé par le 'psy' '

L'enfant rêvé par le psychanalyste
L'enfant rêvé par le psychanalyste
par Helène BRUNSCHWIG

Dans un passage de son texte si pénétrant : "Pour introduire le narcissisme", (1) Freud nous dit que, parents, nous rêvons notre enfant : "Il existe une compulsion à attribuer à l'enfant toutes les perfections. (...) Les lois de la nature ainsi que celles de la société doivent s'arrêter devant lui. (...) Il doit être véritablement le centre et le coeur de la création, His Majesty the Baby comme on s'imaginait être jadis. Il accomplira les rêves de désir que les parents n'ont pas mis à exécution, il sera un grand homme, un héros à la place du père; elle épousera un prince , dédommagement tardif pour la mère (...) L'amour des parents, si touchant et au fond si enfantin, n'est rien d'autre que leur narcissisme qui vient de renaître et qui malgré sa métamorphose en amour d'objet manifeste à ne pas s'y tromper son ancienne nature... "

Dans la ligne de la pensée de Freud, R. Diatkine nous disait dans ses cours :"Si vous ne rêvez pas que votre enfant sera président de la République, il ne se développera pas bien..." Boutade pour nous faire comprendre la puissance du projet positif et du rêve de grandeur pour que l'enfant se développe. Il nous montrait aussi les dégâts occasionnés chez les enfants par l'absence de projet sur eux, ou bien a contrario par des projets trop écrasants, simple revanche des parents sur la vie, sans tenir compte de l'enfant.

Beaucoup de psychanalystes d'enfants ont continué à travailler sur ce thème, notamment Winnicott (2), Bion (3), Lebovici et Soulé (4), R. Diatkine (5) et bien d'autres, en élargissant son sens. On passe du narcissisme de l'adulte projeté sur l'enfant, du statut magnifique rêvé pour lui dont nous parle Freud, à un processus très complexe de participation à l'élaboration psychique de l'enfant. J. S. Grotstein (6) cité par B. Cramer et F. Palacio-Espana (7) étudie ce concept du "rêve sur l'enfant "ou de "l'enfant rêvé" en l'assimilant à la notion "d'identification projective" décrite déjà par M. Klein (8) (qui s'intéressait surtout à ses effets négatifs). Grotstein s'intéresse à l'identification projective dans ses effets positifs. Elle serait :"comme un fantasme inconscient où le sujet se place, ou place des objets de Soi-même, dans un objet avec un but de recherche de relation et de communication ou de défense. Dans le premier cas, (celui de la recherche de relation et communication) il s'agit d'un dynamisme normal et structurant où le sujet cherche à rentrer en contact et à communiquer avec un autre.

 L'exemple paradigmatique de cette modalité d'identification projective constitue la "capacité de rêverie de la mère ou du psychanalyste. Cette fonction de communication est cardinale dans l'établissement du lien mère-bébé et dans son maintien. 



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