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'Liens familiaux face aux nouvelles procréations'

Les liens familiaux
Les liens familiaux
par Caroline ELIACHEFF

Les liens familiaux face aux nouvelles formes de procréation 

Il y a encore vingt ans, un enfant éloigné de l’un de ses parents risquait bien de passer, en France, pour la victime d’un divorce, voire d’une infidélité conjugale. Il n’est aujourd’hui qu’un cas parmi d’autres de ce qu’on a pris l’habitude d’appeller les « recompositions familiales ». A vrai dire, le mot de « patchwork » conviendrait mieux tant ces situations ont peu à voir avec les règles traditionnelles qui régissaient les familles. Les bouleversements actuels ne concernent en effet plus seulement la traditionnelle « stabilité de la cellule familiale ». Ce bouleversement là a déjà eu lieu et il est entré dans les moeurs, de nombreux adultes ayant d’ors et déjà grandi avec un seul de leurs parents au milieu de demi-frères et de demi-soeurs. Aujourd’hui, les « liens » à maintenir ne concernent plus seulement ceux qui existent entre l'enfant reconnu par son parent géniteur et élevé par lui avant d'en être séparé, mais aussi des formes totalement nouvelles de relations conditionnées par l’évolution conjuguée des moeurs et de la médecine. L’ignorer conduirait rapidement à des problèmes humains dramatiques et insolubles.

Mère et père : du rôle à la fonction

Dans les années 70, certains se risquaient encore parfois à évoquer les « rôles » du père et de la mère. Ce mot désignait à la fois les fonctions privilégiées de chacun des deux parents dans la division des tâches familiales et la fonction psychologique censée leur correspondre. En pratique, la femme à la maison et le père au travail étaient censés assurer un monde à deux pôles, « maternant » d'un côté et « paternant » de l'autre. Cet usage du mot "rôle" rendait en fait compte de la difficulté qu'il y avait à penser les diverses fonctions maternelles et paternelles séparément du personnage emblématique censé les incarner.

Ce problème, pourtant, avait fait l'objet d'un début de solution juridique il y a plus d'un siècle. C'est au milieu de la deuxième moitié du XX e siècle que le législateur a envisagé que le père puisse ne pas remplir son « rôle ». Il était alors qualifié de « père indigne » et le législateur pouvait prononcer sa « déchéance». Mais il a fallu attendre les années 50 pour que cette scène légale reçoive un prolongement théorique qui, à son tour, a eu des conséquences considérables sur l'évolution des mentalités.  

Entre 1956 et 1958, Jacques Lacan a en effet dégagé les manquements du père aux normes familiales et sociales et décrit une carence liée non plus aux conduites et aux comportements tels que le législateur pouvait les prendre en compte en parlant de « père indigne », mais à des effets de sens liés à la parole en tant qu'elle est fondatrice du sujet. Plus précisément, Lacan a posé la condition de l'efficacité symbolique de la fonction du père dans la place que la mère lui donne. C'est ce que Lacan appelait « le cas qu'elle fait de sa parole, disons le mot, de son autorité, autrement dit la place qu'elle réserve au Nom-du-Père dans la promotion de la loi 


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