La répétition |
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De la répétition mortifère à la répétition thérapeutique par Hélène BRUNSCHWIG |
De l’histoire bloquée à l’histoire reconquise N’appartenant plus à une institution soignante, j’avais scrupule à m'exprimer sur ce sujet, jusqu’à ce que je trouve une justification dans ce très beau texte du Professeur HOCHMANN « Le concept d’institution mentale que je propose ici replace
l’institutionnel au centre du soin aux psychotiques et prétend le libérer de
ses compromissions avec des pratiques et des structures d’accueil ou de garde,
qui n’ont rien, en elles-mêmes, de soignant. La seule institution qui vaille
est celle que nous constituons avec nos concepts et notre fantaisie et que nous
mettons en œuvre dans un échange signifiant avec nos patients. » Pourtant, en y réfléchissant de plus près, je me suis aperçue de l’importance et de la fonction de cette répétition. Dans certains cas, on est d’abord frappé par son caractère an-historique, comme si l’évolution de la personne était cassée ; la répétition ne sert à rien, elle semble bloquer à tout jamais l’évolution historique de l’individu et celle de son insertion dans son environnement (famille, institution). Pourtant, on peut se rendre compte petit à petit que cette répétition, apparemment stérile, a en fait plusieurs fonctions que nous allons essayer de mettre en évidence.Je ne parle pas ici de la répétition à des fins d’apprentissage ou de la répétition sécurisante des rituels pour se rassurer avant de s’endormir ou avant de partir à l’école. Répétitions que l’on pourrait qualifier d’utiles, ou même d’indispensables. Je
veux parler ici des répétitions de symptômes dont personne ne voit l’utilité
et qui font souffrir tout le monde. Pourtant, même cette forme de répétition
apparemment « inutile » remplit un certain nombre de fonctions qui
ne sont pas sans rapport avec celles que jouent les répétitions « utiles » : Nous, thérapeutes, nous
pouvons essayer de nous en servir et d’en trouver le sens ; nous
intensifierons ses effets et les rendrons plus thérapeutiques. Mais je voudrais tout d’abord vous citer un passage
de la conférence passionnante que M. Nasio a faite en 1991 aux « Séminaires
psychanalytiques de Paris », conférence intitulée Introduction à
Freud. « La compulsion à la
répétition est une pulsion première et fondamentale, la pulsion des pulsions,
ce n’est plus un principe qui oriente mais une tendance qui exige de
retourner, de retrouver ce qui a eu lieu. Ce désir actif du passé, même si ce
passé était mauvais pour le moi, s’explique par cette compulsion à
reprendre ce qui n’a pas été achevé avec la volonté de le compléter. Tous
nos actes seraient des substituts d’une action idéale et non réalisée. La
compulsion à la répétition serait ce désir qu’il n’y ait pas de
substitut. Freud considère la compulsion à la répétition comme une force qui
dépasse les limites du principe de plaisir, qui va au-delà de la recherche du
plaisir. » |