A la Rencontre des idées et des pratiques en psychologie et psychanalyse

'La Clinique, une recherche ici et maintenant'

La clinique, une recherche ici et maintenant
"Il est venu me voir. Je ne le connaissais pas.
                                                               Il est venu pour me donner de mes nouvelles"
                                                                                                             (André Breton)
par Hélène BRUNSCHWIG

J'essaierai de montrer comment un travail clinique m'a conduite à discerner les différents types de communications possibles à l'oeuvre dans la relation thérapeutique. Ces types de communication sont de véritables canaux de partage du savoir avec mes patients, essentiels au travail psychothérapique. Je voudrais les analyser à l'aide d'exemples dans lesquels mes interprétations ont pu "faire mouche" grâce à la théorie sous-jacente que j'avais dans la tête. Je les isole, bien sûr, de façon arbitraire, car elles s'entrecroisent le plus souvent.

. La communication consciente, réfléchie, rationnelle.

Avec mes patients, ce premier type de communication est fondé sur les explications les plus claires possibles qu'ils me donnent de leurs problèmes, et sur mon écoute la plus attentive possible. Je me fais une idée de leurs difficultés, de leur milieu de vie, de leur culture, de leurs valeurs, de leurs aspirations, de leurs échecs. Je pose des questions pour parfaire ma compréhension. On est dans le registre du conscient, du réfléchi, du rationnel, du programmé, du voulu.
. En même temps j'expérimente une communication d'un autre type, analogique, qui complète la première, à travers des silences, des intonations, des attitudes qui transmettent, à leur manière, un savoir différent de celui transmis par la forme précédente de communication, et même parfois contradictoire.

Combien de fois vous entendez une mère de famille vous dire que tout va bien avec son mari en se pétrissant les pouces avec furie...  La transmission se fait comme "à travers" ou "malgré soi", elle n'est pas destinée à être signifiée. On est dans le registre du non rationnel, de l'inattendu, de l'insolite, du contradictoire.  Une des formes de communication la plus étrange est celle qui passe par le ressenti. FREUD l'a théorisée sous le nom de transfert et contre transfert. Nous avons là des mouvements affectifs inconscients qui passent des analysants aux analystes et réciproquement. 
Bien sûr cette communication là s'appuie en grande partie sur la précédente, mais pas uniquement.
BALINT et SEARLES ont beaucoup travaillé la question. BALINT nous dit que le "contre transfert est le symptôme du patient" : ce que l'analyste ressent en lui-même est un des éléments de la pathologie du patient.

Mony EL KAIM propose un concept nouveau, celui de "résonance" qui engloberait le transfert et le contre transfert. Ce serait une façon de rendre compte de certains modes de communication non verbale très puissants, non pas comme induits par l'un chez l'autre, mais comme ressentis en même temps, comme réveillés, amplifiés par l'un parce qu'à l'état latent chez l'autre. II me semble qu'on peut garder l'idée de communication inconsciente induite et celle de communication résonante, elles se complètent.

II m'arrive avec mes patients de commencer à ressentir, à résonner, et non plus raisonner ; je ressens par exemple la détresse d'un père, c'est-à-dire que je suis envahie de la même tristesse et du même découragement que lui, au point que je me demande pourquoi je fais ce métier puisque je ne trouverai rien pour l'aider...



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