«La tendresse peut aussi soigner les malades du grand âge » Source Le Parisien, Le Monde Le Parisien note à son tour sur sa Une qu’il y a « enfin du nouveau » en matière de prise en charge de la maladie d’Alzheimer. « C’est urgent », estime le journal, qui revient sur une double page sur la « commission nommée par Nicolas Sarkozy [qui] doit proposer des pistes pour enrayer l’épidémie ». Le Parisien remarque qu’« en attendant le futur plan, certains ont décidé de faire avec les moyens du bord et d’expérimenter de nouvelles méthodes pour traiter les grands dépendants avec dignité ». Le quotidien explique ainsi : « Baptisée «humanitude», l’une d’elles consiste à changer de regard sur les malades. Ne plus se contenter d’apporter des soins mécaniques aux vieillards, mais prendre le temps de les regarder et de leur parler ». Le Parisien note que « ça marche. L’«humanitude» arrive à faire ce que des années de traitements médicamenteux n’ont pas réussi. Des yeux qui s’ouvrent, un corps qui reprend vie ». Le journal précise que « pour l’instant, cette méthode n’est expérimentée que dans un seul groupe de maisons de retraite. Mais l’université de Lyon-II a décidé de l’évaluer scientifiquement ». |
«Hyperactivité de l’enfant : les colorants et additifs alimentaires mis en examen» Source Journal Médical Les effets délétères potentiels des colorants alimentaires artificiels et autres additifs alimentaires sur le comportement des enfants sont suggérés depuis près de 30 années, et ont fait l’objet de publications rapportant notamment une hyperactivité et des troubles de l’attention, chez les jeunes enfants et pour des mélanges spécifiques d’additifs alimentaires. Des auteurs britanniques ont cherché à détecter ces effets défavorables chez les jeunes enfants, âgés de 3 ans, et chez des enfants plus âgés, de 8-9 ans |
«De l’éloge de l’oisiveté» Source Libération Libération publie sur une page un entretien avec le psychiatre Patrick Lemoine, qui « fait l’éloge de l’oisiveté, honnie par notre société qui pousse à l’hyperactivité ». |
«Les robots apprennent les émotions humaines» Des automates capables de détecter et d'exprimer des affects sont en gestation dans les laboratoires. Bruxelles vient de lancer un programme de recherche Par Pierre Le Hir, Le Monde (Source PSY EN MOUVEMENT n° 23062007) Petite scène de la vie quotidienne. Stressé par une journée éprouvante, vous rentrez du travail de méchante humeur. Tom, votre robot domestique, qui a perçu votre contrariété, fait assaut de prévenances : il entonne une chansonnette joyeuse, esquisse quelques pas de danse propres à vous dérider, s'approche pour vous masser le dos. Décidément furibard, vous le rembarrez d'un brutal : « Fiche-moi la paix ! » Peiné, Tom croise les bras et s'en va bouder dans un coin. D'ici peu - quelques années tout au plus -, ce scénario n'aura plus rien de futuriste. Partout dans le monde, aux Etats-Unis, au Japon, en Europe, des équipes de recherche et des constructeurs préparent de nouvelles générations d'automates, sachant reconnaître et exprimer des émotions : des « émorobots ». L'Union européenne vient ainsi de lancer un programme de recherche, Feelix Growing, dont l'objectif est de concevoir des robots capables d'interagir avec les humains « d'une manière socialement et émotionnellement appropriée ». Doté de 2,5 millions d'euros sur trois ans, ce projetmobilise, aux côtés de roboticiens, des experts en neurosciences, en psychologie du développement et en éthologie. D'ici à 2010 devraient voir le jour deux robots adaptés, le premier à l'environnement familial, le second à l'assistance aux malades et aux personnes âgées. La jeune PME française Aldebaran Robotics, associée à ce programme, prévoit de mettre sur le marché, dès 2008, un robot humanoïde doué de facultés émotionnelles. Baptisé Nao, il sera en mesure, annonce Bastien Parent, responsable de la communication de la société, d'identifier les humeurs de son propriétaire grâce à un module de reconnaissance vocale, ainsi que de manifester lui-même toute une palette d'états - joie, colère, ennui... - par un jeu de postures, de mimiques, de codes lumineux et de modulations vocales. Signe de cet engouement, les représentants d'une trentaine de groupes de recherche européens, américains et israéliens, réunis début juin à Paris par le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), ont créé l'association Humaine (Human-Machine Interaction on Emotion) pour coordonner leurs travaux (www.emotion-research.net). « Le traitement automatique des émotions par des machines est un domaine en émergence, qui mobilise de multiples disciplines : psychologie, neurosciences, sciences du langage verbal et non verbal, informatique... », explique Laurence Devillers, du Laboratoire d'informatique pour la mécanique et les sciences de l'ingénieur (Limsi-CNRS) d'Orsay . La voie longtemps suivie par les spécialistes de l'intelligence artificielle, qui se focalisaient sur une aptitude au raisonnement logique basée sur la seule puissance de calcul, a atteint ses limites. Désormais, ils placent la détection et la génération d'expressions émotionnelles au coeur de la communication entre l'homme et la machine. C'est au Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux Etats-Unis, qu'est né, voilà dix ans, le concept d' « affective computing », l'informatique affective. Dans la foulée sont apparus divers robots de compagnie, humanoïdes ou animaloïdes - sur le modèle du chien Aibo de Sony -, capables de réagir aux sollicitations de leur propriétaire par des mouvements des yeux, de la queue ou des oreilles, quelques mots ou simples onomatopées, ou encore par un jeu de voyants lumineux (orange pour la colère, bleu pour la tristesse, vert pour l'amour...). Rien de très convaincant jusqu'à maintenant. Mais, dans leurs cartons, les chercheurs ont déjà des projets plus évolués. Le laboratoire Heuristique et diagnostic des systèmes complexes (Heudiasyc, CNRS-Université technologique de Compiègne) travaille sur l'analyse des visages et la reconnaissance automatique des expressions. Un modèle statistique, basé sur une quarantaine de paramètres (des points caractéristiques localisés autour des yeux, des sourcils et des lèvres), permet à un ordinateur équipé d'une caméra d'identifier, sur des images fixes de visages vus de face, six états émotionnels basiques : joie, colère, tristesse, dégoût, peur ou surprise. Cela, « avec un taux de réussite de 85 à 90 % », annonce Franck Davoine, qui pilote ce programme. L'affaire se corse si l'on s'intéresse à des affects complexes, comme le doute ou le mélange joie-surprise. Et surtout si l'on part non pas d'images statiques, mais de visages en mouvement, en situation réelle. « La difficulté est de mettre au point des modèles robustes, performants, même si le visage est mal éclairé, de profil ou en partie masqué », souligne Franck Davoine, persuadé que les progrès seront rapides. Le Limsi, de son côté, développe un modèle de détection des états émotionnels dans le dialogue oral. « Augmenter la sophistication des algorithmes statistiques ne suffit pas à résoudre le problème de la grande variabilité des signaux acoustiques dans la parole spontanée », insiste Laurence Devillers. Celle-ci travaille à partir de corpus de plusieurs dizaines d'heures d'enregistrements (appels téléphoniques, consultations médicales...) soumis à un panel d'une quarantaine d'auditeurs, qui leur font correspondre des affects : peur, colère, soulagement, tristesse... Des corrélations sont ensuite établies entre ces affects et des indices prosodiques (débit, timbre, hauteur, intensité de la voix), sémantiques (le vocabulaire de la joie diffère de celui de la colère) ou syntaxiques (la structure de la phrase varie aussi en fonction des humeurs) des séquences verbales. Ces données sont alors encodées dans un modèle informatique qui parvient à identifier les émotions simples avec un taux de succès de 50 % à 60 %. Cela, dans plusieurs langues. L'étape suivante sera de bâtir un modèle multimodal, associant les indices émotionnels de la parole à ceux des expressions faciales et gestuelles. « Les études combinant toutes ces modalités sont encore embryonnaires, indique Jean-Claude Martin, spécialiste de ce domaine au Limsi . Mais en laboratoire, nos prototypes deviennent de plus en plus performants. » |
«Plan B» par Serge Tisseron (Source
Squiggle.be) Le rapport d’expertise de l’INSERM préconisant le dépistage des «
troubles des conduites » chez les jeunes enfants (Le Monde du 23 septembre
2005) a provoqué un large
débat sur le risque d’une dérive des pratiques de soin psychique vers
des fins normatives et de contrôle social. En revanche, si les méthodes
d’intervention proposées par le rapport de l’INSERM ont été justement
condamnées, les formes de souffrance psychique des jeunes enfants qu’il a
mises en avant existent bel et bien. Dès l’âge de trois ans, les enfants
d’aujourd’hui ont déjà des profils psychologiques marqués : certains se
perçoivent plutôt comme des dominants et des agresseurs potentiels, d’autres
comme des victimes craintives et d’autres encore comme des redresseurs de
torts. Ces profils sont sous la dépendance de nombreux facteurs, mais les
programmes télévisuels qui stressent les enfants et les confrontent à des
surcharges émotionnelles importantes - notamment au moment des actualités télévisées
– renforcent très vite ceux ci. Un enfant qui a tendance à se percevoir
comme agresseur est incité à renforcer ce rôle de manière à se rassurer
face à un monde audio visuel qui l’angoisse, tandis que celui qui se sent
victime a tendance à se sentir de plus en plus menacé. L’introduction du jeu de rôle dès la maternelle pourrait s’opposer à
cette tendance. Il existe en effet une corrélation directe entre la capacité
de « faire semblant » et le pouvoir de surmonter la frustration des situations
décevantes : mieux cette capacité est établie et plus l’enfant est à même
de gérer les situations pénibles sur un mode indirect, celui du jeu. En outre,
le jeu de rôle permettrait de lutter contre la tendance des enfants à adopter
précocement des comportements qui s’auto renforcent en les invitant à
changer successivement de rôle : ils seraient conviés à jouer l’agresseur,
la victime et le redresseur de tort à tour de rôle. Ceux qui ont tendance à
s’enfermer dans certains profils - notamment la peur et l’agression - ne
seraient ainsi pas stigmatisés, mais invités à éprouver d’autres positions
possibles et d’en sortir. Ils pourraient plus facilement se décoller des
identifications enkystées. Les enfants qui tendent à se fixer dans un profil
de victime seraient invités à s’en dégager, tout comme ceux qui tendent à
se fixer dans un profil d’agresseur apprendraient à éprouver de l’empathie
pour les victimes de (leur) violence* . Ce jeu de rôle pourrait être animé par les professeurs des classes maternelles - par exemple une ou deux fois par semaine – à condition d’une formation et d’un encadrement spécifique. |
«Grégory Lemarchal, héros résilient ? » par Serge Tisseron (Source Squggle.be) Grégory Lemarchal, vainqueur de la Star Academy il y a
deux ans, est mort des suites de la mucoviscidose il y a quelques semaines. Et
la vente de ses disques, qui avaient disparu des rayons spécialisés, a soudain
explosé... Grégory Lemarchal est en train de devenir un nouveau héros. Mais
que mettre sous ce mot ? Est-ce le héros mythologique des légendes grecques ou
le héros tragique et déchiré de la modernité ? En fait, ni l’un ni
l’autre. Car un nouveau modèle de héros est arrivé : le héros « résilient
». |
«Thérapies à l'écran »
Par Jean-Jacques Larrochelle, A partir de situations réelles, jouées par des comédiens et commentées par des spécialistes, " Psycho-fiction " entend familiariser le grand public à la pratique de la psychothérapie. Une série en quatre volets programmée sur France 5 Regard flottant, gestes hésitants, débit de paroles tout aussi incertain : Stéphane, graphiste trentenaire, est l'archétype de l'individu mal dans sa peau. De ceux chez qui l'idée de la moindre confrontation à l'autre emplit de malaise. La venue à son domicile d'une de ses clientes, dont il n'est pas insensible au charme, va servir de déclencheur à un exercice télévisuel d'un type nouveau. " Psycho-fiction ", dont le premier épisode, L'Estime de soi, a été programmé mardi 20 février sur France 5, et " raconte des histoires - écrites par une scénariste et jouées par des comédiens - à travers des personnages de fiction confrontés à de véritables psys ", explique Fabienne Servan-Schreiber, directrice de Cinétévé, coproductrice de la série. L'objectif de cette collection en quatre volets est d'" incarner, familiariser, faire comprendre cette démarche au grand public, afin qu'il puisse s'identifier à ces personnages ". Et, le cas échéant, faire lui-même le choix de franchir le seuil du cabinet d'un spécialiste pour confier son mal-être. Interpeller des inconnus dans la rue pour leur demander la direction du métro le plus proche : l'entreprise paraît dérisoire, elle représente pourtant un véritable défi pour Stéphane. L'exercice est porteur de vertus thérapeutiques, affirme Christophe André, le psychiatre que le jeune homme s'est décidé à consulter. Jusque dans la rue, en digne chantre de la thérapie comportementale, le praticien accompagnera son patient sur le terrain de son angoisse. En 52 minutes, chacun des épisodes de " Psycho-fiction " (après L'Estime de soi, Couple en crise, le 20 mars, Famili-mélo, le 17 avril et L'Accompagnement en fin de vie, le 22 mai) se déroule selon la même grille : scénarisation d'une situation de la vie quotidienne où se manifeste le symptôme ; rencontre avec un psychiatre lors d'une ou plusieurs séances de dialogues thérapeutiques ; exercices pratiques de résolution du problème et recommandations d'usage ; retour enfin chez le médecin pour un bilan de l'expérience vécue. La rencontre a lieu dans le cadre feutré d'un cabinet à la mise en scène pour le moins rassurante : décoration minimale dans un camaïeu de mauve et rose, orchidée solitaire posée sur une table basse, buste de Bouddha et quelques livres anciens savamment empilés. Depuis le 29 octobre 1983, date du lancement sur Antenne 2 du premier numéro de son désormais légendaire " Psy Show ", l'exercice consistant à faire parler des gens de leurs problèmes intimes devant une caméra - le cas échéant, via l'expertise d'un spécialiste - n'est pas rare. " Psycho-fiction " n'est pour autant pas une émission de débats de plus sur les troubles de notre société. En recourant à une scénarisation du vécu - les acteurs sont d'ailleurs plutôt convaincants -, la série veut éviter un écueil d'importance : le témoignage réel. Grâce à un contrôle total du récit, la série ne s'embarrasse pas de complications formelles ou discursives. Le style est direct. La démarche et le travail d'explication final, avant tout pratiques, adoptent un ton qui rappelle les productions diffusées un temps par le Centre national de documentation pédagogiques (CNDP) à l'intention des enseignants et de leurs élèves. Cette forme de simplification à outrance est à double tranchant. En s'introduisant dans l'intimité du psy et de son patient via le filtre de la fiction - on ne sait d'ailleurs pas très bien quelle est la part de jeu qui revient aux " véritables psys " -, la caméra permet au spectateur de " mettre l'oeil dans le trou de la serrure sans éprouver de sensation de voyeurisme ", affirme Nicole Jamet, ancienne actrice devenue scénariste (on lui doit notamment le feuilleton à succès " Dolmen " sur TF1) auteure et principale scénariste de " Psycho-fiction " au côté de Jérémie Kaminka, son fils dans la vraie vie. Cette objectivation du vécu tend, en revanche, à reteindre la part d'incertitude propre à chaque être face à l'expression de ses difficultés. Angoisses, conflits, frustrations : grâce à " Psycho-fiction ", leur résolution semble d'un coup très facile. A l'instar de toute comédie, car il s'agit aussi de cela, l'obstacle rencontré par le patient est finalement surmonté et le programme s'achève à chaque fois sur un joyeux happy end. En sera-t-il toujours ainsi pour tous celles et ceux qui, à l'invite de ces thérapeutes cathodiques, feront la même démarche ? L'histoire, cette fois-ci, ne nous le dit pas. |
«Les ''psys'' de service à la télévision » Par Macha Séry Le Monde Depuis 30 ans, et les chroniques de Françoise Dolto sur France Inter dans l'émission " Quand l'enfant paraît " de Jacques Pradel, les psys sont sortis de leur cabinet de consultation pour investir la sphère médiatique. A la télévision, l'un des pionniers de cette vulgarisation fut - à la grande surprise de la communauté des psys -, le très sérieux spécialiste de Lacan, Serge Leclaire, qui officia en 1983 au côté de Pascale Breugnot (Ego Productions) sur le plateau de " Psy show ". Dans le premier numéro de ce talk-show d'Antenne 2, un pompiste (!) évoquait ses problèmes sexuels. Ce magazine de confessions intimes fut très critiqué à l'époque pour son voyeurisme. Il ouvrit toutefois la voie à " L'amour en danger " lancé par la même productrice et à d'autres magazines fondés sur des témoignages personnels souvent éclairés par l'avis d'un psy ; ceux de Mireille Dumas (" Bas les masques ", France 2, puis " Vie privée, vie publique ", France 3) et ceux de Jean-Luc Delarue (" Ça se discute " et " Jour après jour " France 2). Cette tendance télévisée témoignant d'un " passage du singulier au collectif ", révélateur d'une mutation profonde des sociétés occidentales, a été analysée en 2005 par la sociologue Dominique Mehl dans La Bonne Parole (éd. La Martinière). Dans la lignée de la littérature de développement personnel chère aux pays anglo-saxons, le petit écran accorde une large place aux experts de la psyché sollicités sur tout : relations conjugales et familiales, problèmes de vie quotidienne ou de réussite sociale, adolescence difficile, etc. Toujours une parole bienfaisante, une formule qui galvanise, un conseil de bon sens. Quelques psys cathodiques excellent dans l'exercice et constituent un vivier d'invités réguliers des talk-shows, magazines, docu-réalités. Serge Hefez, Serge Tisseron, Stéphane Clerget, Marcel Rufo ou encore Alain Meunier sont devenus des visages familiers pour les téléspectateurs. En 2004, le psychiatre et thérapeute familial, coauteur des collections documentaires pour France 5, " Accro " (2000) et " Psyché " (2001) intervenait dans le magazine " Psychologie, un moment pour soi " (France 5) en 2004. La même année, il commentait divers cas de relations conflictuelles dans la série " Affaires de famille " sur M6. De son côté, le pédopsychiatre Stéphane Clerget dressait des diagnostics express et esquissait des pistes de changement dans " Quelle famille ! ", proposé en 2005-2006 par M6, tandis que sur la même chaîne, Alain Meunier, fondateur d'Urgences psychiatrie, intervenait dans les foyers en crise avec " Il faut que ça change ! ". Le directeur passionné de la Maison des adolescents de l'hôpital Cochin à Paris, Marcel Rufo, est aussi l'un des chouchous des médias, dont les livres, comme ceux de Christophe André, cartonnent en librairie. A la radio, ce célèbre pédopsychiatre, auteur d'Œdipe toi-même (éd. Anne Carrière, 2000) et Frères et soeurs, une maladie d'amour, aborde les questions concernant les adolescents et les jeunes adultes dans " Générations Europe 1 ". A la télévision, son travail a fait l'objet de plusieurs reportages et documentaires, dont Quand les ados changent les règles, sur France 5 en 2005 |
«Aujourd'hui, on veut des bébés à tout prix »
René Frydman
L'Express souhaite un « joyeux anniversaire » à Amandine, le « premier bébé-éprouvette français [qui] fête ses 25 ans le 24 février ». |
«La péridurale gêne l'allaitement » Le Point numéro 1790
Le Point indique dans un court article que selon une étude australienne portant sur 1 280 femmes de plus de 16 ans devenues mères d'un enfant unique, « les femmes ayant bénéficié d'une péridurale pour accoucher - voire d'une anesthésie générale en cas de césarienne - ont plus de difficulté à allaiter leur bébé ». |
«Une hormone « anesthésie le fœtus » Libération, Le Figaro, La Croix, Sciences et Avenir numéro 718
Libération indique que selon des travaux dirigés pour l'Inserm par Yehezkel Ben-Ari à l'Institut de neurobiologie de la Méditerranée (Marseille), publiés dans Science, « au moment de l'accouchement, le cerveau de l'enfant serait protégé par une hormone maternelle ». |
«L'illusoire repérage des délinquants dès la crèche»
Eric Favereau rend compte dans Libération d'un colloque de l'Inserm qui a eu lieu hier à Paris, consacré aux « troubles de conduite, de la pratique à la recherche ». |
«Le risque d'autisme bientôt dépisté dès le début de la vie »
Marianne Gomez se penche dans La Croix sur les travaux de l'association Prévention autisme (Preaut), commencés en 2005, qui ont pour but de « mettre au point un test fiable et simple qui permettrait de repérer le risque d'autisme dès le plus jeune âge ». |
«Se soigner par la parole du groupe»
La Croix constate sur 2 pages et demie qu'« il existe aujourd'hui de nombreuses instances pour des malades qui éprouvent le besoin de partager leur vécu [par la parole] ». |
«La lutte contre les addictions devient priorité de santé publique »
Les Echos notent à leur tour que « les addictions sont reconnues comme de véritables maladies », indiquant que « Xavier Bertrand a présenté hier un programme d'action représentant 385 millions d'euros sur 5 ans ». |
«Une enquête confirme la cause de la dyslexie »
C'est ce qu'indique La Croix, qui rend compte sur une page d'une « enquête menée à Paris sur un millier d'écoliers ». |
«Les liens familiaux face aux nouvelles formes de procréation » Il y a encore vingt ans, un enfant éloigné de l'un de ses parents risquait bien de passer, en France, pour la victime d'un divorce, voire d'une infidélité conjugale. Il n'est aujourd'hui qu'un cas parmi d'autres de ce qu'on a pris l'habitude d'appeller les « recompositions familiales ». A vrai dire, le mot de « patchwork » conviendrait mieux tant ces situations ont peu à voir avec les règles traditionnelles qui régissaient les familles. Les bouleversements actuels ne concernent en effet plus seulement la traditionnelle « stabilité de la cellule familiale ». Ce bouleversement là a déjà eu lieu et il est entré dans les moeurs, de nombreux adultes ayant d'ors et déjà grandi avec un seul de leurs parents au milieu de demi-frères et de demi-soeurs. Aujourd'hui, les « liens » à maintenir ne concernent plus seulement ceux qui existent entre l'enfant reconnu par son parent géniteur et élevé par lui avant d'en être séparé, mais aussi des formes totalement nouvelles de relations conditionnées par l'évolution conjuguée des moeurs et de la médecine. L'ignorer conduirait rapidement à des problèmes humains dramatiques et insolubles 1) Mère et père : du rôle à la fonction Dans les années 70, certains se risquaient encore parfois à évoquer les « rôles » du père et de la mère. Ce mot désignait à la fois les fonctions privilégiées de chacun des deux parents dans la division des tâches familiales et la fonction psychologique censée leur correspondre. En pratique, la femme à la maison et le père au travail étaient censés assurer un monde à deux pôles, « maternant » d'un côté et « paternant » de l'autre. Cet usage du mot "rôle" rendait en fait compte de la difficulté qu'il y avait à penser les diverses fonctions maternelles et paternelles séparément du personnage emblématique censé les incarner. |
«Cancer : « Il faut aussi soigner le mental »
C'est ce que remarque Le Parisien sur une page. Le Parisien explique que « selon cet ancien chirurgien, si l'on n'a pas de preuves formelles du lien entre stress et cancer, [...] on ne peut écarter l'importance de la prise en charge du mental dans la lutte contre la maladie ».
Le quotidien note toutefois que « du côté des scientifiques, la prudence est de mise ». Néanmoins, « aujourd'hui, on peut vivre 15 ans avec la maladie comme une épée de Damoclès. C'est là que la tête en prend un coup. On ne peut plus écarter l'aspect psychologique dans la lutte contre le cancer », poursuit le spécialiste.
Le journal relève ainsi que « des voix commencent à s'élever pour réclamer haut et fort un meilleur accompagnement psychique des malades », car « dans ce domaine, la France a un train de retard ». |
«Chirurgie esthétique : les risques psychologiques » Selon une étude canadienne, le taux de suicide chez les femmes ayant une prothèse mammaire est plus élevé que dans la population générale. Au cours des vingt dernières années, l'éventuel risque de maladies immunitaires ou de cancer chez les femmes ayant eu recours à une prothèse mammaire a suscité de nombreuses inquiétudes. Pour vérifier l'innocuité de cette intervention, l'équipe d'épidémiologistes de l'université de Laval au Québec, dirigée par Jacques Brisson, et ceux de l'Agence de santé publique de l'Ontario ont lancé une vaste enquête pendant quinze ans. Leurs conclusions publiées en août 2006 dans l'American Journal of Epidemiology sont étonnantes : elles révèlent que le fait d'avoir des implants mammaires n'augmente pas le taux de mortalité globale, mais majore le taux de décès par suicides de 73%. L'explication est que les femmes ayant recours à ce type de chirurgie présenteraient plus souvent une fragilité accrue. Certaines sans doute tireraient plus bénéfice d'un soutien psychologique que d'une intervention plastique. Pour mettre fin à la polémique sur les dangers des prothèses de sein, les chercheurs canadiens se sont donc penchés pendant quinze ans sur le devenir de 24 600 femmes ayant bénéficié d'une prothèse mammaire entre 1974 et 1979 au Québec et dans l'Ontario. Au cours de cette période, 480 décès ont été observés dans ce groupe. Les chercheurs ont ensuite comparé les causes de mortalité chez les femmes ayant eu une prothèse mammaire avec celles d'un groupe témoin de la population générale de même âge. Faible estime personnelle Les résultats révèlent qu'il n'y a pas d'augmentation de la mortalité pour celles avec implants mammaires. Le taux de mortalité serait même inférieur de 26% pour les femmes opérées. Les décès par cancer - notamment du sein -, et par maladies cardio-vasculaires expliqueraient cette différence. Il ne faut pas y voir un effet protecteur des implants, mais plutôt un biais de sélection. Il faut en effet être en bonne santé pour bénéficier d'une chirurgie mammaire. Et celles qui s'y prêtent ont en général un niveau socio-économique plutôt élevé. «Ces deux facteurs expliquent pourquoi les femmes qui reçoivent des implants mammaires ont en général une meilleure santé que la moyenne de la population», souligne le docteur Brisson. En revanche, ce travail dévoile un taux de décès par suicide supérieur de 73% chez les femmes opérées. Cette augmentation est significative, même si elle n'est pas majeure. Ce n'est pas l'intervention qui est en cause, mais les caractéristiques psychologiques de celles sollicitant des implants mammaires. La même équipe d'épidémiologistes s'est également penchée sur les causes de décès de 16 000 femmes ayant bénéficié d'une intervention en chirurgie esthétique autre que des implants et a retrouvé également un taux de mortalité inférieur de 32% à la population générale, mais un taux de suicides accru de 55%. D'autres études de moindre envergure, l'une en Suède en 2001, l'autre en Finlande en 2004, ont abouti à des résultats similaires et conclu que les femmes bénéficiant d'implants mammaires avaient plus souvent un profil psychologique caractérisé par un manque de confiance en soi et une faible estime personnelle. «Une bonne pratique médicale devrait inciter les chirurgiens à porter attention aux raisons pour lesquelles leurs patientes veulent recourir à la chirurgie esthétique, ajoute le docteur Brisson. Si leurs motivations reflètent des problèmes que ne peut résoudre la chirurgie plastique, les médecins devraient référer ces patientes à des personnes qui peuvent les aider sur le plan psychologique.» Le docteur Vladimir Mitz (chirurgien reconstructeur et plasticien, hôpital Pompidou, Paris) s'est livré il y a quelque temps à une petite enquête : «J'ai interrogé une centaine de patientes ayant eu des implants mammaires et une majorité m'a déclaré que l'intervention leur avait donné une certaine assurance, dans leur travail et leur vie personnelle. Ceci dit, des travaux ont déjà montré que les personnes ayant recours à la chirurgie esthétique avaient plus souvent une fragilité psychique ou un hypernarcissisme.»
Le recours aux prothèses mammaires serait de plus en plus important, en France notamment. «Cette étude est intéressante, même si elle pose la question du biais de recrutement. Nous savons que, réalisée dans des conditions optimales, l'intervention pour implants mammaires peut rendre des services importants, ajoute le docteur Gérard Flageul (chirurgien plasticien, Paris). Mais, avant toute intervention, il faut bien prendre le temps de connaître la patiente, de comprendre ses motivations, de l'examiner, de lui parler...». |
«Des émotions en voie de médicalisation » Les Echos notent dans un article que « les pleurs et la tristesse peuvent devenir des agents pathogènes puissants ». Le quotidien relaie ainsi les travaux de ces chercheurs qui « étudient les troubles psychosomatiques sous l'œil de nos humeurs », relevant que « le nombre de publications scientifiques sur le sujet ne cesse d'augmenter ». Les Echos expliquent que « de toutes nos humeurs négatives, c'est la tristesse qui suscite le plus d'intérêt de la part des psychiatres et neurobiologistes ». Le journal cite notamment Silla Consoli, chef du service de psychologie clinique à l'hôpital Georges-Pompidou de Paris, qui indique que pour les pathologies cardio-vasculaires, « même si elle est modérée, la présence d'une humeur dépressive est un facteur de mauvais pronostic qui aggrave le risque de mortalité dans les mois qui suivent ».
Les Echos ajoutent que « les mêmes résultats concerneraient certaines formes de cancer, le diabète et la prédestination à certaines pathologies graves comme l'insuffisance coronaire ». |
«Le futur de la procréation assistée » René Frydman dans Le Monde
Le Monde livre un entretien avec le « père du premier bébé-éprouvette français », René Frydman, qui « évoque le futur de la procréation assistée ». Le spécialiste précise qu'« il ne s'agirait pas de créer une personne génétiquement identique, mais d'obtenir une forme d'immortalisation de la fertilité. Celle-ci soulèverait bien évidemment une série de problèmes de nature éthique ».
René Frydman aborde en outre le projet de créer un utérus artificiel, déclarant : « Il me semble que le fait de porter un enfant au sein d'un utérus naturel restera, dans l'avenir tel que nous pouvons l'appréhender, la seule et unique manière d'assurer notre descendance ». |
«Comment choisir une thérapie ? » Par Patrick Traube : Source Psy en mouvement http://www.psy-en-mouvement.com/intra/demo.php Qu'est-ce que la psychothérapie ? En quoi se différentie-t-elle de la psychanalyse ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment agit-elle ? Que peut-on en espérer ? Sous quelle forme se présente-elle ? Qui est le psychothérapeute ? Qui est le psychanalyste ? ... C'est à ces questions que nous allons tenter de répondre dans cette présentation générale, laissant aux spécialistes de chaque méthode thérapeutique le soin d'expliquer la sienne. La psychothérapie, remède aux blessures d'âmes Tous et toutes aspirons au bonheur et tentons d'échapper à la souffrance, celle du coeur comme celle du corps. Les psychothérapies sont ces méthodes de traitement psychologique qui, contrairement à la psychiatrie, prétendent soigner nos souffrances psychiques sans utiliser le moindre médicament, la moindre substance chimique. Comment définir en quelques mots une psychothérapie ou une psychanalyse ? Essentiellement, comme ... UNE RELATION, mais une relation d'un genre particulier, une relation qui se noue entre deux personnes : un "patient" ou un "analysant" qui vient avec une demande d'écoute, une demande d'aide, une demande de changement et un(e) "thérapeute"/"analyste" supposé(e) capa- ble d'entendre cette demande et d'y répondre. Qu'est-ce qu'un "patient" ? Qu'est-ce qu'un "analyste" ou un "thérapeute" ? 1. Le "patient" : un être en souffrance
Pour le médecin, un "patient" est un malade. Pour le psychothérapeute, pas du tout. Le "patient" est un individu-en-souffrance qui, au lieu de se mettre la tête dans le sable, au lieu de continuer à être le jouet passif de son destin, décide d'en prendre les rennes à pleines mains. Le patient n'est donc pas un être faible en quête de béquilles. C'est un individu qui (non sans courage !) cherche à échapper à ses "démons intérieurs" et, pour y parvenir, prend rendez-vous avec lui-même. Il vit un mal-être mais sait qu'il pourrait en être autrement. Le premier rendez-vous chez le "psy" est donc une démarche qui ne va pas de soi puisqu'elle requiert trois conditions : |
«La science rejoint Freud »
Les progrès des neurosciences, et notamment de l'imagerie médicale, ne remettent pas en question les concepts freudiens. La psychanalyse trouvera-t-elle sa légitimité conceptuelle grâce au scanner Peut-on vérifier scientifiquement l'existence de l'inconscient ? Pourra-t-on enfin prouver que le ça, le moi ne sont pas seulement des concepts ? Sigmund Freud, dès le départ, en était convaincu : il était possible de faire le lien entre le cerveau et la pensée. Pour être un intellectuel prompt à se prendre pour Platon, l'inventeur de la psychanalyse n'en était pas moins d'abord et surtout un médecin, suffisamment intéressé par la neurobiologie pour avoir initialement pensé en faire son métier. Et avoir commencé son étude du cerveau par l'examen des lobes du lézard et de l'anguille. En mai 1885, alors qu'il est passé au cerveau humain, il écrit à sa fiancée, Martha Bernays : « Ma précieuse chérie, [...] j'ai très envie en ce moment de résoudre l'énigme de la structure du cerveau. Je pense que l'anatomie du cerveau est la seule vraie rivale que tu aies et que tu auras jamais... » Mais la recherche ne fait pas vivre son homme (déjà) et, désireux de se marier rapidement, Sigmund se tourne vers la médecine générale afin d'ouvrir un cabinet. Il poursuit toutefois en parallèle ses réflexions sur la constitution du cerveau et, en 1895, dans son « Projet de psychologie scientifique », il expose sa conception de l'organisation mentale du cerveau, explique que le neurone en est un élément qui peut être stimulé et décrit même ceux qui, selon lui, sont responsables de la conscience et de la mémoire. |
« Freud, un anniversaire marqué par la polémique » par Martine Perez
06 mai 2006, (Rubrique Sciences & Médecine) Cent cinquante ans après la naissance du médecin autrichien, l'analyse s'inscrit largement dans la vie culturelle, mais partage le champ de la souffrance mentale avec d'autres disciplines.
SIGMUND Schlomo Freud, fils du marchand de laine Jacob Freud et d'Amalia son épouse, est né le six mai 1856 en Moravie. Cent cinquante ans après sa naissance, les théories du maître de la psychanalyse enflamment toujours le monde intellectuel et médical, tout particulièrement en France. Le génie de Freud a été de conceptualiser le psychisme humain autour de l'inconscient, ce monde difficilement explorable, sauf à aller, selon lui, analyser avec acuité les rêves, les lapsus, les névroses, les mots d'esprit... Pour Freud, la psychanalyse vise à résoudre les troubles psychiques, en débusquant les conflits et les frustrations tapis dans l'inconscient. La psychanalyse comme cure En France, la polémique autour de la psychanalyse gronde tout particulièrement depuis février 2004, date à laquelle a été publié un rapport de l'Inserm évaluant l'efficacité des différentes psychothérapies et faisant la part belle aux thérapies cognitivo-comportementales ( TTC), plutôt qu'aux cures analytiques. Les tenants de ces TTC ont pour eux d'avoir publié un nombre important d'articles scientifiques pour évaluer leurs pratiques. Alors que les psychanalystes estiment que l'Evidence Based Medicine (la médecine basée sur les preuves) n'est pas adaptée à l'objet étudié. La guerre entre les plus sectaires des psychanalystes et les plus sectaires des comportementalistes flambe alors par le biais d'articles, de débats et d'opinions publiés dans la presse spécialisée et grand public. La charge est relancée en septembre 2005 avec la publication d'un livre noir de la psychanalyse, véritable brûlot contre les partisans de Freud.
Aujourd'hui, l'abord thérapeutique de la santé mentale s'est considérablement étendu, avec des approches médicamenteuses, biologiques, comportementales, et plus seulement analytiques. Les concepts freudiens ont cependant imprimé une marque indélébile en psychiatrie - même chez les opposants à la psychanalyse - en donnant du sens aux symptômes, en caractérisant la relation thérapeutique, en mettant de l'humain dans le soin. Tout un courant en neurosciences en France,
La psychanalyse s'inscrit aussi dans la vie culturelle au sens le plus large possible, représente une approche de la connaissance de soi, inspire de nombreuses techniques en psychothérapie, mais doit désormais partager le champ de la prise en charge de la souffrance mentale, avec d'autres disciplines. |
«Les effets secondaires de la Ritaline® en débat aux Etats-Unis » Le Figaro C'est ce que note Martine Perez dans Le Figaro. La journaliste rappelle que « le 9 février dernier, un comité de sécurité sanitaire de la FDA avait demandé que la Ritaline ® et les produits de la même famille, destinés à la prise en charge des enfants dits «hyperactifs», bénéficient d'un «label noir» pour mettre en garde fortement contre ses effets secondaires ». Martine Perez remarque que « mercredi, un second groupe d'experts prônait une position moins forte en proposant seulement des recommandations d'usage en langage clair sur la notice d'utilisation. La FDA devrait suivre ce dernier avis ». La journaliste précise ainsi que ce groupe d'experts « s'est penché sur les effets mentaux de cette famille de médicaments, qui pourrait provoquer chez 2 à 5 % des enfants des hallucinations, réversibles à l'arrêt du traitement ». Martine Perez note cependant que dans un article publié le 20 mars sur le site du New England Journal of Medicine, Steven E. Nissen, professeur de cardiologie à Cleveland, rappelle que « ces médicaments dérivent des amphétamines, une classe pharmacologique connue pour ses effets sympathomimétiques sur le cœur ». La journaliste relève que « près de 10 % des enfants américains de 10 ans sont traités par ce médicament », et indique qu'« un million d'adultes américains utiliseraient cette molécule pour ses effets psychostimulants ». ____________________________________________________________________________ «Une pilule qui efface les mauvais souvenirs » Courrier International numéro 800 Courrier International publie des extraits d'un article de The Guardian sur une « pilule qui efface les mauvais souvenirs ». Le quotidien britannique explique en effet que Roger Pitman, psychiatre de l'université Harvard, « pense pouvoir guérir des personnes atteintes de SSPT [syndrome de stress posttraumatique] des années après l'événement déclencheur ». The Guardian cite le spécialiste, qui explique : « Nous pensons que le SSPT s'explique par un excès d'hormones de stress qui imprime le souvenir trop profondément dans le cerveau. Si nous parvenons à bloquer les effets de ces hormones, nous pourrons peut-être éviter que les gens emmagasinent des souvenirs intenses susceptibles d'évoluer en SSPT ». Le quotidien indique que « dans le cadre d'une étude pilote menée au Massachusetts General Hospital, le Dr Pitman a sélectionné 19 patients ayant récemment subi un traumatisme. Les sujets ont reçu pendant 10 jours soit du propranolol, [...] soit un placebo ». « Trois mois après, les patients qui avaient reçu du propranolol ont manifesté moins de symptômes de stress que ceux ayant pris le placebo », note The Guardian. Le journal précise que le psychiatre et son équipe « ont recruté [pour une autre étude] une vingtaine de personnes ayant subi un traumatisme il y a 20 à 30 ans », pour « atténuer » ce mauvais souvenir. |
« Dépistage prénatal, alerte aux dérives » La Croix C'est ce que titre La Croix en Une. Le quotidien remarque en effet sur 3 pages que « des médecins soulignent l'aspiration croissante de parents à un enfant parfait et une forte demande d'interruptions médicales de grossesse en cas d'anomalie ». La Croix s'interroge : « L'arrêt Perruche a-t-il eu des répercussions sur la médecine ? Se dirige-t-on vers un «eugénisme de précaution», autrement dit vers «des décisions d'interruption de grossesse au moindre doute quant à la normalité du fœtus, afin de ne prendre aucun risque médico-légal» ? ». Le journal se penche sur le livre qu'ont écrit une philosophe et une sociologue, Danielle Moyse et Nicole Diederich (« Vers un droit à l'enfant normal ? », Editions Erès), après avoir « interrogé plus d'une soixantaine de professionnels de la naissance ». Le quotidien note que cet ouvrage « révèle un profond malaise chez les professionnels », qui « se sentent très seuls ». La Croix retient ainsi que « la médecine fœtale semble aujourd'hui se diriger vers une naissance à deux vitesses, avec, d'un côté, des femmes qui arrivent à l'accouchement sans véritable suivi médical, de l'autre des femmes bien suivies, qui peuvent donc avoir un enfant exempt de défaut... et qui le réclament ». Le quotidien cite en outre Marc Althuser, président du Collège français d'échographie fœtale, qui note qu'« il y a un décalage géographique entre l'offre et la demande ». « Selon lui, l'inflation des primes d'assurance et la crainte de procès ont conduit les praticiens les moins bien formés ou équipés à s'arrêter. En un sens, l'arrêt Perruche a donc «assaini» le paysage de l'échographie. Mais, regrette-t-il, il n'y a plus assez d'échographistes. Et les hôpitaux, qui ont vu leur activité bondir, ne sont pas en mesure d'absorber la totalité des demandes », poursuit La Croix. Le journal remarque que « ce manque de suivi peut avoir de lourdes conséquences médicales ». La Croix note en effet que « certains médecins entrevoient une possible «fracture génétique», selon les termes de Roger Bessis, échographiste libéral à Paris : «Nous ne le constatons pas encore, mais c'est mathématique : les enfants nés avec une malformation seront plus nombreux dans les milieux défavorisés» ». Le quotidien publie par ailleurs un entretien avec le Pr Didier Sicard, président du Comité consultatif national d'éthique, qui « met en cause l'intolérance de la société au handicap ». |
«La mémoire - Comment notre cerveau apprend, se souvient et oublie » Les dossiers de La Recherche numéro 22 La Recherche publie un numéro spécial entièrement consacré à la mémoire,préfacé par Boris Cyrulnik. Le magazine constate en effet dans son éditorial que « l'étude des troubles de la mémoire et de ses pathologies prend une acuité d'autant plus forte en des temps où le vieillissement de la population s'accompagne inéluctablement des maladies neurodégénératives de type Alzheimer ». La Recherche publie notamment un texte de Serge Laroche, directeur du laboratoire de neurobiologie de l'apprentissage, de la mémoire et de la communication, à l'université Paris-Sud, Orsay, qui explique « comment les neurones stockent les souvenirs ». Le magazine interroge en outre Hervé Allain, qui dirige le laboratoire de pharmacologie expérimentale et clinique de l'université Rennes 1, sur ces « nouvelles classes de médicaments pour la mémoire [qui] sont en cours d'évaluation ». La Recherche livre aussi un entretien avec Martial Van der Linden, docteur en psychologie, sur « ce que révèlent les troubles mentaux ». Le magazine remarque ainsi : « Qu'y a-t-il de commun entre un patient atteint de dépression, un amnésique et une personne sujette aux obsessions de doute et aux compulsions de vérification ? A première vue, peu de chose. Pourtant, il apparaît que ces trois états s'accompagnent d'un déficit affectant certains aspects de la mémoire épisodique », note La Recherche. |
«L'inconscient, le grand absent » par Samuel Lepastier LE MONDE Article paru dans l'édition du 08.02.06 Le scandale du procès d'Outreau ne résulte pas seulement de l'inexpérience d'un magistrat débutant. Pendant toute la durée de l'instruction, son point de vue a été partagé par des associations de défense des enfants comme par une fraction notable des services sociaux spécialisés, tandis que plusieurs médias, en accord avec la majorité de l'opinion publique, ont donné un écho favorable à la procédure. Enfin, par leurs affirmations péremptoires lors des audiences comme par leur influence scientifique, les experts médico-psychologiques ont fourni les indices concordants sur lesquels le juge a appuyé sa conviction intime. Ainsi, la faillite observée est celle des conceptions psychopathologiques qui animent la lutte contre la pédophilie depuis un quart de siècle environ. En 1980, dans sa troisième édition, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III) de l'Association américaine de psychiatrie a renoncé aux conceptions psychanalytiques pour privilégier une approche athéorique, plus favorable à la chimiothérapie. En 1984, Jeffrey M. Masson, linguiste de formation, a soutenu que Freud avait renoncé, en 1897, à sa théorie initiale plaçant la séduction sexuelle subie dans l'enfance comme premier facteur étiologique des troubles psychiques de l'adulte. La théorie psychanalytique n'était donc que mensonge (Jeffrey M. Masson., The Assault of the Truth : Freud's Suppression of the Seduction Theory, New York, Farrar, Straus & Giroux, 1984). Dès lors, aux Etats-Unis, des patients adultes ont évoqué, le plus souvent sous hypnose, des scènes de séduction de leur enfance. Des tribunaux ont considéré que la "mémoire retrouvée" (recovered memory) valait preuve et des abuseurs supposés, les pères le plus souvent, ont été condamnés. La fréquence du syndrome de la "mémoire retrouvée" a conduit à postuler que nombre d'enfants avaient été abusés puis à rechercher les faits corroborant cette assertion. Parallèlement, chez les patients adultes, par un phénomène de contagion propagé par les médias, les récits se sont enrichis pour aboutir à des abus rituels sataniques (satanic ritual abuses) au cours desquels des enfants auraient été abusés et torturés jusqu'à la mort, les restes étant enterrés dans des charniers. Avec l'affaire Dutroux, l'idée de l'abus rituel satanique s'est implantée en Europe en se laïcisant : des hommes puissants et influents, unis au sein de "réseaux" aux ramifications infinies, partagent des plaisirs criminels. En France, à plusieurs reprises, ont été signalés, avec une grande imprécision, des charniers d'enfants qui n'ont jamais été retrouvés. Initialement, l'instruction d'Outreau avait d'ailleurs pour ambition de mettre enfin au jour, à partir de la misère sociale, des relations complexes remontant à des puissants pervers. En janvier 2002, des pelleteuses ont même été utilisées, leur action est restée vaine. Les experts médico-psychologiques d'Outreau, loin d'être insuffisamment formés, sont, au contraire, des spécialistes éminents. L'un, titulaire d'une chaire, est créateur d'un diplôme d'université de criminologie, l'autre est professeur de pédopsychiatrie et chef de service des hôpitaux. Enfin, lorsqu'une troisième a déclaré avoir mené son expertise à partir de critères universitaires parmi les plus récents, elle dit la vérité. Toutefois, ces spécialistes ont été aveuglés par leur méconnaissance revendiquée du psychisme inconscient, tel qu'il est appréhendé par l'expérience psychanalytique. Il y a plus d'un siècle, Freud avait constaté l'absence totale d'indices permettant de distinguer la vérité du fantasme. Cependant, loin de considérer ses patients comme des affabulateurs, il a distingué la "vérité matérielle" (qui pourrait relever d'une condamnation pénale) de la "vérité historique" (qui structure l'histoire du sujet). Il en conclut à l'existence de pulsions sexuelles dès la plus tendre enfance dont la manifestation la plus aboutie constituait le complexe d'Œdipe. Enfin, il a considéré que le fantasme de séduction sexuelle était originaire, autrement dit qu'il pouvait être retrouvé chez tout le monde. La volonté de bannir la vie psychique inconsciente dans la psychiatrie athéorique conduit à une cascade de conséquences. Et l'affaire d'Outreau, procès en sorcellerie des sociétés postmodernes, restera un outil pour analyser le passage d'angoisses individuelles aux inquiétudes collectives. Elle nous a montré, à partir du fantasme de séduction sexuelle, le premier degré des théories du complot.
La facilité avec laquelle les accusations de pédophilie contre des innocents ont été reçues révèle des passions haineuses se situant à un niveau à peine inférieur aux accusations de meurtres rituels d'enfants, prétextes des pogroms. Chaque fois que le refus de la pensée et le mépris de la culture sont revendiqués, la place de la démocratie se trouve rapidement remise en question. |
« La télé touchée par une épidémie de psychologie »
« Liliane, 13 ans, l'aînée sacrifiée » ou « Léa, le souffre-douleur de la famille » n'ont plus rien à craindre. « Quelle famille ! », nouveau « Psy show » de M6 (20 h 50), coache désormais ces enfants « en manque d'harmonie familiale ». Sur le plateau, le pédopsychiatre Stéphane Clerget se livrera, comme beaucoup avant lui, à l'exercice du diagnostic public. « Comment régler en un quart d'heure et devant des millions de gens des problèmes intimes et singuliers ? Psychanalyse et télévision sont deux univers antinomiques », s'insurge la psychanalyste Caroline Boudet-Lefort. Régulièrement sollicitée par des productions pour « transmettre des coordonnées de patients qui pourraient témoigner, elle refuse catégoriquement toute contribution. A Reservoir Prod, on affirme que certains professionnels sont plus souples. La société de Jean-Luc Delarue consomme des psys à la chaîne. « Pour nous, Alain Meunier est un animateur », affirme-t-on en interne, à propos du fondateur d'Urgences psychiatrie, devenu héros de feu « Il faut que ça change » (M6). « On se méfie juste du conseil de l'ordre des médecins ». Car Alain Meunier a été sermonné par sa corporation, à l'instar de son collègue Didier Destal, le « thérapeute » du « Loft ». « Nous veillons à ce que ces passages TV respectent le secret médical, et n'aient pas de visée promotionnelle », affirme le conseil.
Pas de quoi enrayer la psymania. « Les praticiens de concepts comme "Mères et filles" - la semaine dernière sur M6 - ne se contentent plus d'apporter un point de vue d'experts, analyse la sociologue Dominique Mehl. Ils vont plus loin en prescrivant aux familles des normes arbitraires d'éducation, c'est dangereux. » Cette tendance « répond à une demande », plaide le psychiatre Stéphane Clerget. « Les gens sont déboussolés. C'est notre métier d'assurer une prévention qui ait le plus d'écho possible. Pour ça, pas mieux que la télé. » Au risque de compromettre la pratique professionnelle. Le psychiatre Serge Hefez, ex-présentateur de « Psyche » sur France 5, a déjà « refusé certains patients. Ils ne sollicitaient en moi que le label "vu à la télé" ». Alice Coffin |
«Outreau : autopsie d'une affaire »
Le juge Fabrice Burgaud, qui a instruit l'affaire d'Outreau, est entendu mercredi 8 février par la commission d'enquête parlementaire. Retour sur une affaire à responsabilités multiples Me Franck Berton (à gauche), l'avocat d'Odile Marécaux qui comparaissait dans le procès de l'affaire de pédophilie d'Outreau, répond aux journalistes, en juin 2004 devant le palais de justice de Saint-Omer, (photo Huguen/AFP).
Le calvaire des acquittés de l'affaire d'Outreau a bouleversé la France entière. Mercredi 8 février, le juge Burgaud, entendu par la commission parlementaire, fait figure aux yeux de l'opinion de grand responsable. Or la réalité de ce dossier est bien plus complexe. Retour sur la chaîne de dysfonctionnements qui a abouti à ce désastre judiciaire. On l'a beaucoup dit. Il n'en est rien. On ne peut pas comprendre ce dossier si on oublie qu'il commence et prospère avec les enfants. Tout part des petits D., placés dans des familles d'accueil courant 2000 après des années de signaux d'alerte restés sans suite. Mis en confiance, les quatre garçons commencent à faire des révélations spontanées à leurs assistantes maternelles sur les sévices sexuels subis en famille. Très vite, ils parlent de participants extérieurs.
Au fur et à mesure de l'instruction, leur récit ne va cesser de s'enrichir, jusqu'à évoquer des voyages en Belgique et des scènes de plus en plus insoutenables. À eux quatre, les petits D. vont mettre en cause plus de 80 personnes et évoquer de nombreuses victimes. La mécanique de l'enquête sera toujours la même : les petits livrent des identités assez floues (des prénoms, des surnoms...) ; les policiers tentent d'identifier les agresseurs ; puis demandent confirmation aux adultes. Le « monstre judiciaire » va se construire ainsi, petit à petit. Que ce soient les assistantes maternelles, leurs supérieurs, les enquêteurs, le juge, les experts psychologues..., tout le monde a cru ce que disaient les enfants. Bien sûr, « tout-le-monde-sait-que-les enfants-peuvent-mentir ». Mais comment de si jeunes enfants pourraient-ils livrer de tels scénarios pornographiques, se demande-t-on alors ? La terrible affaire Dutroux, si proche dans le temps et l'espace, a pesé de tout son poids. Là-bas, la justice s'était montrée impuissante à protéger les enfants. La justice française, elle, ne va pas les abandonner. Si elle a longtemps négligé les plaintes de petites victimes faute de preuves, elle va se rattraper, foi de juge Burgaud. Pire, les déclarations des enfants D. vont être confortées par celles d'autres enfants qu'ils désignent comme victimes. Interrogés à de multiples reprises, ces derniers vont finir par accuser à leur tour. Placés en familles d'accueil, ils sont scrutés par leur « tata » qui signale tout comportement inhabituel. Le juge est inondé de signalements. Les expertises psychologiques vont figer le tout : sur les 17 enfants retenus comme victimes supposées du « réseau de pédophiles », tous sans exception seront reconnus comme parfaitement crédibles par les experts. Même la fille de l'une des acquittées, toujours vierge, qui affirme avoir été violée par trois hommes en même temps.
Il faudra un travail colossal de la défense et des semaines d'audience cumulées, à Saint-Omer et à Paris, pour démonter ces accusations en apparence «concordantes», où plusieurs enfants semblent livrer des récits similaires. On réalise alors que leur parole a été polluée dès le départ, enrichie par des assistantes maternelles dévouées mais qui communiquent entre elles. Que les policiers, insuffisamment formés, ont induit les réponses des enfants par leurs questions. Que la rumeur a joué à plein dans le microcosme de la Tour du Renard. Que les enfants ont enrichi leur récit avec ce qu'ils ont pu entendre à la télévision. Le réseau international, le meurtre d'une fillette en pleine orgie, les viols par des animaux de ferme... on imagine mal le degré d'abjection des scènes sorties de l'imagination de Myriam D. et de son fils Marc tout au long de l'instruction. Le juge part du principe que tout est possible. Il n'est pas le seul. L'avocate de David Delplanque, Me Fabienne Roy-Nansion, l'a raconté la semaine dernière aux députés : cette avocate chevronnée a tourné de l'œil en entendant Myriam D. raconter par le menu une scène de viol par un chien... D'ailleurs, « le réseau de notables », tout le monde y croit. Ou a envie d'y croire. Pour preuve, il resurgit régulièrement - derrière Marc Dutroux, Émile Louis ou encore Patrice Alègre. Toujours évoqué, jamais prouvé. Médiatiquement payant.
S'est-on trop fié à un unique accusateur ? Suite du dossier |
«« Les sages entrouvrent la porte du secret des origines » Libération, Le Figaro, La Croix |
« Le face à face psychanalytique » Revue Française de Psychanalyse
« Parler aujourd'hui du travail psychanalytique en face à face, c'est prendre acte à la fois d'une continuité et d'une nouveauté » annonce l'argument de ce numéro. Ce numéro de la Revue Française de Psychanalyse vient tout droit s'articuler et prolonger le livre de R. Cahn La fin du divan ? (éd. Odile, Jacob, 1993) livre cité, comme de juste, dès l'ouverture de l'ensemble. Mais, souligne-t-on dans cette revue, le divan jamais n'est trop loin du regard des deux partenaires en présence : l'analyste et l'analysant. Il est là, occupe l'espace. Bref, le travail psychanalytique en face à face se fait tout de même dans un lieu où le divan s'impose souvent comme énigme, lieu espéré, interdit, craint, lieu de pas mal de fantasmatiques transférentielles marquées de connotation en lien avec le corps gisant ou avec le corps relâché dans une passivité sexuée. Le divan, comme support d'un corps imaginaire, prend de la place dans le discours. Par rapport à ce qu'induit le dispositif divan/fauteuil, le travail en face à face suppose un autre jeu de regard et de voix. Il induit une autre modalité du rapport pulsionnel du sujet à ses points aveugles et sourds, au regard et à la voix de l'autre, regard et voix que présentifie et absentifie aussi l'analyste. Claude Janin écrit que la présence en face à face du psychanalyste est une nécessité pour prendre en charge certaines « conjonctures psychiques ». Il les définit en précisant qu'alors la priorité du travail clinique est de maintenir ce qu'il nomme « l'être du patient ». Ce n'est donc plus le travail de bisexualité et l'accentuation mise sur l'opposition de la passivité et de l'activité (dont on sait qu'elle fut supposée se refléter dans le dispositif canonique) qui oriente, du moins dans un premier temps, le traitement analytique. René Roussillon développe autour de l'heureuse expression de « divan en latence » d'étendre le travail psychanalytique en mettant au point des situations analysantes « sur-mesure ». Non que le cadre traditionnel soit aboli, il devient latent, « mis en latence ». Latent dans le fonctionnement psychique de l'analyste, qui s'est allongé lui sur le divan de son propre psychanalyste, et peut-être sur plus d'un divan, latent, aussi, dans le discours de l'analysant, qui évoque ce que serait pour lui la situation allongée. On peut ici se demander ce qu'apporte d'autre de travailler sur des rêves en face à face, tant il est vrai que raconter son rêve est aussi raconter un moment de sa vie psychique et corporelle où l'on est allongé. Il ne sera plus alors question de sanctionner du terme de refus ou de résistance à l'inconscient et au transfert, toutes les demandes de sujets qui disent ne pouvoir parler en séance qu'en face à face, et dont il est réducteur d'entendre cette demande comme étant l'expression d'un refus du divan. Certes, des refus de la passivité, des attachements narcissiques à l'activité, des refus de passivation et des craintes de féminisation aussi peuvent expliquer, un temps du moins, pourquoi la situation allongée est tenue pour insupportable par ce ou cette analysant (e). Et René Roussillon de prendre la mesure de ce divan latent absent/présent. Il explore cette situation où il reste quelqu'un en face : soit l'analyste en personne dans le champ visible, pour mettre en lumière des styles de conversation psychanalytiques. Ce surcroît de présence permet à l'analysant de parler de façon complémentaire à un objet psychiquement absent, un objet trop tôt disparu, trop tôt absenté de la vie du sujet. « Quand voir est nécessaire » reprend François Missenard, c'est lorsqu'il s'agit pour l'analysant de reconstruire son premier miroir. Ce premier miroir est posé comme le topos par quoi le tout jeune sujet situé. C'est là reprendre Winnicott et sa thèse sur le visage maternel comme premier miroir, (par quoi l'enfant est vu et entendu et au regard de quoi il est suffisamment important pour que sur ce visage se dessine un sourire, et d'où bruissent murmure et parole). Le psychanalyste anglo-saxon reviendra souvent dans ce numéro, pour aussi discuter Lacan dont les thèses sur le miroir sont tout de mêmes assez rabotées, dès qu'on les cite. Répondant à deux questions que les nouvelles demandes d'écoute et de soin psychique rendent inévitables à tout praticien de la psychanalyse « Qu'est aujourd'hui la demande d'écoute ? » et « Comment se structure dans la situation analytique la construction sensorielle et pulsionnelle des premières identifications ?», ce numéro indique une nette évolution des psychanalystes de la SPP dans leur façon de répondre à l'évolution des demandes de psychanalyse, et dans leur choix de référence doctrinale.
Ces réflexions sur le face à face pourraient aussi trouver des prolongements dans des dialogues avec des praticiens de la psychanalyse, œuvrant ailleurs, en Chine par exemple [viii]où le rapport culturel au face à face est prépondérant et le refus de perdre la face tout autant. Bref, on aimerait une suite où la perspective anthropologique jouerait aussi son rôle dans la pensée des dispositifs. ____________________________________________________________________________
La receveuse, une femme de 38 ans gravement défigurée après une morsure de chien, a subi une greffe dimanche 27 novembre. La greffe était une «allogreffe» du triangle facial comprenant le nez, les lèvres et le menton: les gestes ont porté sur l'ensemble «des tissus composites: de la peau, des tissus sous-cutanés, de petits muscles de la face et des éléments artériels et veineux». D'après l'équipe médicale, les lésions dont elle était victime étaient «invalidantes au niveau de l'élocution et de la mastication, et extrêmement difficiles, voire impossibles, à réparer par les techniques de chirurgie maxilo-faciales habituelles». La transplantation, dont elle a bénéficié avec l'accord des deux familles, a été réalisée à partir d'un greffon prélevé sur une «donneuse multiorganes en état de mort encéphalique». «La patiente est en excellent état général et l'aspect du greffon est normal», ont indiqué hier le CHU d'Amiens où la greffe a été effectuée et les Hospices civils de Lyon où la patiente a été transférée pour recevoir un traitement complémentaire. Mais le PrJean-Michel Bernard tient à rester prudent: «Au plan technique, on est un peu dans l'inconnu, (...). Au plan immunologique, il me semble qu'il faut associer une greffe de moelle osseuse du même donneur pour éviter le rejet de greffe de peau», a-t-il déclaré. Cette greffe de la moelle osseuse est prévue. Si l'intervention, très lourde, s'est bien passée, il va maintenant falloir attendre pour être assuré d'un véritable succès: «on devrait savoir à la fin de la semaine si ça tient, s'il n'y a pas de rejet massif», a déclaré le PrLaurent Lantieri de l'hôpital Henri Mondor de Créteil, qui projette lui-même de réaliser une greffe de la face. Et, quoiqu'il en soit, la receveuse devra prendre des médicaments anti-rejet à haute dose et à vie. L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), qui fait autorité pour de tels protocoles, a été sollicitée. Mondialement connu pour avoir déjà réalisé la première greffe du pancréas en 1976, puis celle d'une main en 1998, avant de réaliser celle de deux avant-bras en 2000, le PrJean-Michel Bernard s'était montré confiant, dès 2003, sur la possibilité d'envisager une greffe d'une partie du visage. Il avait déclaré publiquement que c'était «techniquement possible. [Mais] on ne se lance pas dans la greffe de face pour faire un coup, on fait ça dans l'intérêt du malade». Une greffe de la face soulève d'autres questions d'ordre éthique et psychologique, comme le soulignent les psychiatres, car la patiente devra faire le deuil de l'identité perdue et s'approprier un nouveau visage. «Greffer un organe d'un mort fait intervenir l'aspect Frankenstein» En effet, cette femme va se découvrir et devoir vivre avec un visage qui n'est plus le sien, ni celui de la donneuse, mais avec un visage hybride. Le PrMaurice Mimoun, spécialiste de chirurgie reconstructrice (Paris), relève l'aspect émotif du débat. Il souligne le fait que «l 'aspect psychologique reste complexe. (...). Le degré de souffrance des patients n'est, souvent, pas proportionnel à la défiguration. Et il y a la question à laquelle on ne peut répondre avant que ce soit fait: un homme ou une femme peuvent-ils vivre une vie agréable avec le visage d'un mort ? ». Le psychiatre et psychanalyste Gabriel Burloux (Lyon), très impliqué dans le suivi de patients greffés s'est exprimé: «Le visage a une fonction esthétique, relationnelle et fonctionnelle. Quand quelqu'un perd la face au sens propre, il est amputé de tout cela. (...) Si la personnalité du patient est fragile, elle peut être déstabilisée par le fait de ne plus se reconnaître. Greffer un organe d'un mort fait intervenir l'aspect Frankenstein, le fait d'être habité par un autre». Un suivi psychologique extrêmement solide s'impose dès lors «pour que le sujet considère que c'est son cerveau qui commande». Le CCNE, «défavorable à un projet de reconstruction d'un visage par allotransplantation» Sollicité en mars 2004 par le chirurgien Laurent Lantiéri, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE), avait rendu un avis «défavorable à un projet de reconstruction d'un visage par allotransplantation de tissus composites» pour tous les risques que cela pouvait engendrer sur le plan à la fois médico-chirurgical et psychologique, mais avaient laissé une porte ouverte en insistant sur le fait que cela relevait du «domaine de la recherche et de l'expérimentation à haut risque ne pouvant être pratiqué que dans le cadre d'un protocole précis». Comme sa dénomination l'indique, l'opinion du CCNE étant un simple avis consultatif, rien n'empêchait donc juridiquement le PrJean-Michel Dubernard de poursuivre ses travaux.
Cette première greffe de la face a été pratiquée «en accord avec l'Agence de biomédecine», comme l'a confirmé le président du comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale du CHU d'Amiens, et à titre d'«essais cliniques» en accord avec la famille et avec l'Afssaps. Cette première expérience de greffe partielle pourrait, à l'avenir, servir à de grands brûlés, des blessés par balle ou des malades victimes de certains cancers du visage. |
« Procès d'Outreau : experts en psychologie mis à la question par la cour d'assises de Paris » Le Monde Pascale Robert-Diard D'où est-il parti ? De la gauche, où siègent les avocats généraux, des bancs de droite, où sont regroupés les avocats de la défense, des rangs serrés du public ou de la tribune occupée par la cour et les jurés ? Jeudi 17 novembre, un fou rire irrépressible, libérateur, a saisi la cour d'assises de Paris. A la barre, Christine Condamin, l'une des multiples experts qui avaient été chargés à Saint-Omer (Pas-de-Calais) de l'examen psychologique des enfants d'Outreau, afin de déterminer s'ils présentaient "un traumatisme psychique en lien avec une agression de nature sexuelle", rendait compte de ses conclusions concernant l'un des garçons accusateurs de Dominique Wiel. Avec un infini sérieux, elle tirait de ses dessins d'un "papillon avec des trous", d'un poisson, de "deux ours qui saignent parce qu'ils se sont battus" ou d'une "tête de Martien, avec un drôle de nez", des conclusions définitives selon lesquelles l'enfant présentait des signes de "victime d'abus sexuels". Le micro resté ouvert de la présidente a renvoyé l'écho d'un premier fou rire. Mais c'est le très officiel "test du dessin qui n'est pas beau" qui a emporté les ultimes résistances de la salle. Louche, forcément louche pour "le contenu intropsychique de l'enfant" était cette "musaraigne à grosse queue, relevée vers le haut et proéminente". Pendant quelques secondes, l'affaire d'Outreau fut cette houle convulsive, secouant la salle d'audience et s'abattant sur une petite femme pointue, stupéfaite. Après deux journées d'audition à huis clos des enfants, après l'effondrement des charges contre certains accusés et la mise à nu méthodique des absurdités de ce dossier, la cour avait sans doute besoin d'un exutoire, et les experts lui ont fourni une cible facile. Le professeur Jean-Luc Viaux en fut une, et de choix. Après le verdict acquittant sept des dix-sept accusés de Saint-Omer, l'effondrement public de la piste des notables, de celle du réseau belge ou du meurtre d'une fillette, il avait tout à craindre du rappel des conclusions de l'expertise qu'il avait menée sur les trois enfants Delay. Pour tous, il avait estimé qu'"aucun des éléments de nos examens ne nous permet de penser que l'enfant invente des faits ou cherche à imputer des faits à des personnes non concernées". Me Eric Dupond-Moretti, qui, après avoir été l'avocat de la boulangère Roselyne Godard, acquittée à Saint-Omer, assure en appel à Paris la défense de Daniel Legrand fils, a insisté pour qu'il relise ses conclusions devant la cour. Après que M. Viaux eut avalé ses mots comme autant de couleuvres, l'avocat les a relues, en détachant bien chaque phrase. Un supplice relayé par la présidente, puis par l'avocat général. Se défaussant sur la mauvaise formulation de la mission qui lui avait été confiée, puis sur sa collègue coexperte, le professeur Viaux a fini par concéder, du bout des lèvres, que "peut-être" il avait eu tort de qualifier de "crédible" la parole des enfants. L'avocat général, Yves Jannier, a laissé exploser sa colère : "Monsieur l'expert, vous n'êtes donc pas capable de dire "Je ne sais pas !"" "Je reconnais que sur le plan syntaxique, la phrase pose des problèmes", a soufflé M. Viaux. Le coup de grâce a été asséné, en fin de journée, par le psychiatre Paul Bensoussan, cité comme témoin par la défense. Dans cette enceinte, sa dénonciation de la "dictature de l'émotion" qui pèse sur les affaires sexuelles mettant en cause des mineurs résonnait amèrement. "Attention à cette exception sexuelle du droit au nom de laquelle aujourd'hui, parce qu'il faut éviter à tout prix une "douleur" à l'enfant, on porte atteinte aux droits élémentaires de la défense", a-t-il lancé, en évoquant la question de la confrontation entre accusateur et accusé, qui a été systématiquement refusée pendant l'instruction. "C'est aussi évangélique que dévastateur, a observé M. Bensoussan. Un procès d'assises, c'est perturbant. Mais, ce qui est encore plus perturbant, c'est de faire grandir un enfant dans le statut de victime alors qu'il ne l'a pas été. Pour les accusés, cela peut se compter en années de prison. L'enfant, lui, prend perpétuité." "Dans ce domaine, le doute est une qualité professionnelle", a-t-il rappelé. Dans la salle d'audience, plus personne n'avait envie de rire. ENFIN à La SORTIE: Jean-Luc Viaux psychologue expert dans le procès d'Outreau, ayant donné crédit aux affirmations d'enfants qui racontaient avoir assisté à 4 meurtres et participé à des orgies avec des animaux. "Propos cohérents", avait noté M. Viaux. Les siens sont consternants. "Quand on paie des experts au tarif d'une femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage", a-t-il plaidé pour justifier son impéritie. Des experts de cet acabit, il faudrait les payer très cher pour les éloigner des prétoires. Ce serait donner du prix à la vérité.
Éric Fottorino Article paru dans l'édition du 19.11.05 |
« Au secours Françoise Dolto, ils sont devenus fous ! » Le concept des troubles de conduite dès l'enfance pourrait, selon l'INSERM, être un des facteurs de risque de la délinquance. Dans une expertise de plus de 400 pages, on apprendra comment dépister ces troubles et comment les traiter, parfois avec des médicaments. Non, vous n'êtes pas dans le monde d'Orwell. Biologisme, règne du normatif, absence de toute analyse du contexte social, politique, économique, culturel. Au détriment de l'éthique, de la déontologie, du doute même. Quand on médicalise la délinquance... La lecture de l'expertise collective de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) rendue publique le 22 septembre et intitulée « Trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent » installe, dès ses premières pages, un profond sentiment de malaise qui ne cesse de se confirmer tout au long de sa lecture. Dans cette étude commandée par la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs indépendants et s'appuyant sur des données de la littérature scientifique internationale, les chercheurs de - l'INSERM proposent « d'améliorer le dépistage, la prévention et la prise en charge du trouble des conduites chez l'enfant », afin de mieux prévenir la délinquance à l'adolescence. Issu des classifications cliniques anglo-saxonnes des troubles mentaux (le DSM IV), le concept de « troubles de conduite » s'exprimerait « par une palette de comportements très divers, qui vont des crises de colère et de désobéissance répétées de l'enfant difficile aux agressions graves comme le viol, les coups et blessures et le vol du délinquant. Sa caractéristique majeure est une atteinte aux droits d'autrui et aux normes sociales ». Nous y voilà. La question est donc de savoir comment détecter au plus tôt les symptômes laissant présager du futur germe de la délinquance et de comportement antisocial à l'âge adulte. Nous ne sommes pas si loin des théories médicales déterministes de la fin du XIXe siècle sur le criminel-né. L'institut national, comme dans un précédent travail réalisé en 2002 qui affirmait qu'un enfant sur huit souffrait d'un trouble mental, nous affirme aujourd'hui qu'entre 5 % et 9 % des jeunes de 15 ans seraient atteints de troubles de conduite et qu'un dépistage précoce des symptômes de ces troubles pourrait être mis en place à partir de 36 mois en France. On apprend également à manier le concept de trouble oppositionnel avec provocation, pathologie psychiatrique associée aux troublex de conduite, au même titre que le déjà connu trouble de l'hyperactivité. Timidement, dans l'avant-propos, on notera tout de même que « bien que de nombreuses questions demeurent à propos de leur définition [des troubles de conduite, NDLR], de leur étiologie, des facteurs de risque, des mécanismes sous-tendant leur survenue », les douze experts, dont deux Canadiens, pédopsychiatres, épidémiologistes, cognitivistes, neurobiologistes - aucun sociologue -, ne remettent jamais en cause cette notion, tout en se permettant de se situer « à l'intersection de la psychiatrie, du domaine social et de la justice ». La génétique, le tempérament, la personnalité, « des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme, l'agressivité sont mentionnés comme associés à la précocité des agressions (...) » et font partie, selon les experts, des facteurs de risque des troubles de conduite, au même titre que les antécédents familiaux. Pas un mot sur le contexte social, la précarité, la pauvreté, le chômage, les inégalités... La violence sociale est éludée. L'expertise est totalement déconnectée de l'environnement social et politique. Ce que déplore la psychologue des adolescents, Maryse Vaillant, pour qui « assimiler la délinquance à une notion de troubles de conduite est une imposture, un déni de la réalité ! Ce n'est pas la psychiatrie qui peut parler de délinquance. On cherche à médicaliser la délinquance, ce qui n'est pas sans rappeler les dérives totalitaires. La délinquance est d'abord une question sociale. Et la société et le politique tentent de se dédouaner sur l'individu. L'expertise est donc biaisée dès le départ. On cherche à apporter des réponses médicales plutôt que d'engager un véritable traitement social de la délinquance ». Il semble également bon de rappeler aux experts, au moment où paraît la correspondance de la psychanalyste Françoise Dolto, que l'individu se construit en tant que sujet en s'opposant et en désobéissant. Un apprentissage de la liberté et de ses limites, constitutif de sa singularité. On pensait la chose acquise. C'était sans compter avec l'offensive idéologique d'origine outre-atlantique. « Soyons Astérix, s'emporte le pédopsychiatre Marcel Rufo. Soyons les derniers résistants en France pour une médecine du sujet et non de l'organe, pour une médecine de la structure psychique et non du symptôme. Et luttons contre la tendance à la sédation de symptômes gênants. » Sans nier pour autant les difficultés à maintenir le lien entre adultes et adolescents, entre l'institution scolaire et ses élèves, entre la société et ses jeunes. Pour l'épidémiologiste de l'INSERM, Marie Choquet, auditionnée pour cette expertise, « la psychiatrie ne peut apporter que des raccourcis en matière sociale et sociétale. Mais que fait-on de la recherche sociale ? C'est toujours la recherche fondamentale qui prône. Je pense qu'il est possible d'apporter une aide précoce aux parents et aux enfants, mais attention aux débordements ! Que doit recouvrer cette aide ? ». Si tout le monde peut être d'accord avec la recommandation de recours à des « programmes de guidance parentale », « du développement des structures d'écoute et d'accueil pour les enfants, les adolescents et leurs parents », structures qui existent déjà mais dont le manque de moyens et d'effectifs reste criant, le recours à des thérapies individuelles de types comportementalistes comme aux États-Unis soulève quelques interrogations chez nous au moment de la sortie du Livre noir de la psychanalyse qui prône justement les thérapies comportementalistes au détriment d'une psychanalyse jugée inefficace. Néanmoins, Marie Choquet est convaincue qu'il est possible de mieux aider les parents avec leurs jeunes enfants sans faire pour autant « du flicage ». Le juriste et criminologue Robert Carrio, dans son essai la Prévention précoce du comportement criminel. Stigmatisation ou bien-traitance sociale ? (1), ne rejette pas les expériences états-uniennes et canadiennes menées depuis une trentaine d'années sur les enfants et les familles les plus vulnérables. Mais la question sociale, loin d'être éludée, semble guider le chercheur. « Bien sûr, pour éviter toute stigmatisation supplémentaire des enfants et de leur famille, les interventions doivent être irréprochables aux plans éthique et déontologique (...). C'est pourquoi le souhait de certains d'inclure la prévention précoce dans une perspective de santé publique doit être mûrement - réfléchi, afin d'éviter toute nouvelle stratégie réductionniste. » N'est-ce pas le travers principal de l'enquête de l'INSERM ? Car comment comprendre ces « bonnes » premières intentions de « guidance parentale » quand, en deuxième intention, les experts préconisent, après avoir dépisté et diagnostiqué, le recours aux traitements psychotropes « seulement pour les maladies associées, précise la psychiatre Isabelle Gasquet, un des auteurs de l'expertise, car il n'existe pas de médicament pour les troubles de conduite », nous rassure-t-elle. Il en existe néanmoins pour les troubles de l'hyperactivité, comme la Ritaline, les neuroleptiques pour traiter l'agressivité aiguë et les thymorégulateurs pour le traitement de la dépression... Deuxième intention seulement, mais intention quand même ! Comment ne pas voir là une nouvelle dérive vers ce que Jörg Blech appelle la « pilule d'obéissance », dans un chapitre intitulé « Psychotropes et cours de récré » dans son livre les Inventeurs de maladies, manoeuvres et manipulations de l'industrie pharmaceutique ? (2) S'il ne s'agit pas d'être systématiquement contre l'usage de médicaments, Marcel Rufo rappelle « qu'il faut s'entourer de mille et une précautions avant de prescrire ». Et de rappeler que dans les troubles dits mentaux répertoriés aux États-Unis, on retrouve l'anxiété... Or 5 millions d'élèves y sont sous Ritaline.
Les experts recommandent, dans leur logique de dépistage, d'utiliser les bilans de santé réalisés tout au long de la vie de l'enfant et de l'adolescent. « Quelques items » pourraient ainsi être inscrits dans le carnet de santé « pour repérer les signes précurseurs des troubles de conduite ». Pour les agressions physiques, on pourrait inscrire « s'est bagarré, a attaqué physiquement, a mordu » ; pour l'opposition, « refuse d'obéir, n'a pas de remords ( !), ne change pas sa conduite » ; enfin, pour l'hyperactivité, « ne peut rester en place, remue sans cesse, n'attend pas son tour ». Ceci pourrait prêter à sourire. Mais, dans le monde idéal de Nicolas Sarkozy comme dans celui du président américain George W. Bush, ces concepts se traduisent en programme politique. Mais, de cette réalité, les auteurs de l'expertise semblent bien loin. Irresponsabilité ? |
« Les pleurs des bébés » Suzanne Lallemand ( ethnologue) source: http://www.psychoactu.org/index2.htm
Les pleurs des bébés en bonne santé seraient dus, d'après une étude américaine, à un comportement de survie issu de nos sociétés passées. Ils marqueraient leur vitalité. Le bébé serait donc assez vigoureux pour survivre dans une société vivant essentiellement de chasse et de cueillette.
Celle-ci serait différente notamment en Afrique et Asie, en comparaison avec les pays occidentaux.
L'occident n'adopte pas le même comportement: le bébé est soumis plus tôt à un éloignement physique de la mère. Il est moins allaité aux sein, il a sa propre chambre ...
Au vu de cette observation, on peut se demander si nos types de sociétés ne confondent pas les priorités. On entend parler d'enfant tyran ( enfant à qui les parents cèdent à toute revendications et qui n'arrive pas à faire l'apprentissage de la frustration, c'est à dire différer un plaisir). On fait aussi souvent l'amalgame avec un bébé que l'on couverait trop. |
« Attend-on trop des psys ? »
L'Express numéro 2820 |
«Un lien entre baby blues des pères et hyperactivité des fils ? »
La Recherche numéro 389 |
« Le cerveau de l'indépendance » Dans une expérience encore plus simple datant des années 1950, Solomon Asch, de l'université Carnegie-Mellon, à Pittsburgh, aux Etats-Unis, demandait à des étudiants de comparer la taille de quelques lignes tracées sur une feuille de papier : plus grandes ou plus petites ? Une tâche qu'un enfant de 5 ans peut accomplir sans difficulté. Mais avant qu'ils ne décident, on leur donnait la réponse d'un groupe de sept de leurs camarades. Et dans certains cas, le groupe donnait exprès une réponse unanime... mais fausse. A la stupéfaction des chercheurs, les trois quarts des sujets ont choisi au moins une fois de donner la même réponse que le groupe, alors qu'elle était évidemment fausse. Et la moitié du temps, un sujet sur quatre se conformait au consensus faux (1) ! Le docteur Solomon Asch est mort en 1996, il s'est demandé toute sa vie ce qui pouvait bien expliquer cette incroyable abdication des humains devant les mauvais choix de leurs congénères. La réponse vient peut-être d'être trouvée grâce à l'imagerie cérébrale fonctionnelle. A l'université Emory d'Atlanta, aux Etats-Unis, Greg Berns a regardé ce qui se passe dans le cerveau au moment où l'on décide de « faire comme tout le monde ». Lorsque la personne dans le scanner apprend ce qu'un groupe a choisi de façon unanime, c'est la perception même de l'objet qui est modifiée ! L'activité des aires sensorielles, qui mesurent, jaugent, évaluent les objets extérieurs, est modifiée par le jugement du groupe, même si celui-ci se trompe clairement. Tout se passe comme si le sujet de l'expérience ne voyait plus la réalité telle qu'elle est, mais la réalité modifiée par l'opinion des autres. La ligne que le groupe dit être plus longue, chaque sujet la verrait, lui aussi, plus longue (2) ! Et lorsque, au lieu de cette plate conformité, le sujet prenait la décision de s'exprimer contre l'avis unanime du groupe, c'était la région de la peur dans son cerveau émotionnel qui était activée. Comme s'il savait qu'il est dangereux d'affirmer l'évidence, de clamer la vérité devant un groupe qui ne la voit pas. Nous ne sommes donc pas totalement en contrôle de ce que nous percevons. Le manteau de « l'empereur nu » existe bel et bien dans le cerveau qui le perçoit, aussi longtemps que tout le monde dit le voir aussi. Quelle responsabilité cela nous donne-t-il ! S'il est si facile pour un groupe d'écraser le jugement de chacun là où il prend naissance, au cœur même de la perception dans le cerveau, chacun de nous se doit d'être d'autant plus vigilant sur ses choix. Pour découvrir, et pour défendre, une "vérité" qui existe hors des conformismes, il ne peut y avoir que le jugement individuel de celui ou celle dont l'intégrité et le courage sont plus forts que la peur du rejet des autres. C'est l'exemple que nous ont laissé Galilée, Luther, Darwin, Freud, Einstein ou Martin Luther King. Leurs découvertes ou leurs engagements se sont faits, à l'époque, contre l'unanimité de leur milieu. Aujourd'hui, et sans aller jusqu'à changer le monde, nous avons tous besoin de cette intégrité et de ce courage pour orienter notre vie différemment. Comment éviter, sinon, les modèles généralisés d'hyperconsommation ou de relations superficielles qui abondent autour de nous, et nous autoriser à évoluer vers une vie plus épanouissante ?
1- S. Asch, « Effects of Group Pressure upon the Modification and Distortion of Judgments », in Groups, Leadership and Men, Research in Human Relationships de H. Guetzkow, Pittsburgh : Carnegie Press, 1951, 177-90. |
« Malaise dans la civilisation, suite » dans Le Monde par Régis Debray écrivain et philosophe
De bons esprits nous enjoignent de ne pas "culturaliser" une crise dont les clés sont d'évidence le chômage et la ségrégation. Ce serait justifier un "choc des civilisations" et disculper nos classes dirigeantes de leurs responsabilités. Une guerre de religion brûle des hommes. Une guérilla sociale brûle des voitures. |
« Les fréquents suicides dans les campus & la santé mentale des étudiants L'acte désespéré du suicide chez les étudiants universitaires se banalise. Depuis le début de cette année, 15 étudiants d'universités se sont suicidés sur les campus de Beijing. Ces vies, tragiquement perdues, permettent de se rendre compte de la détérioration de la santé mental des étudiants dans les universités. L'état mental des élèves d'universités est un point essentiel de recherche des psychologiques. Une récente étude montre que plus de 60% des étudiants universitaires ont des problèmes mentaux au-delà de la moyenne raisonnable ; mais plus grave encore, ce nombre est en constante augmentation. Un sondage sur ces étudiants a montré que 10,7% d'entre eux ont considéré le suicide comme solution à leurs difficultés. Les experts ont souligné que les suicides sur les campus sont directement liés à la pression du cursus universitaire, du travail, de l'amour, des capacités financières & économiques, de conflit de famille ou d'autres fardeaux, avec la pression des charges des cours étant le premier tueur. « Le suicide sur campus, provoqué par la pression universitaire, est une fatalité qui semble principalement ?uvrer que dans les célèbres universités » note un professeur de l'Université de Tsing Hua. La rude compétition, les examens constants dans les études, puis la compétition dans la recherche d'un travail conduisent ces étudiants à s'évader en abandonnant leurs vies. Une étudiante en deuxième année de l'Université de Pékin a, en avril dern |