A la Rencontre des idées et des pratiques en psychologie et psychanalyse

Yann LEROUX

L'homme est une machine comme les autres 
Yann LEROUX
 

Par Frans Tassigny , le 03/01/2008 et (http://yann.leroux.free.fr )


Les robots apprennent peu a peu à reconnaitre les êtres humains et à les différencier des autres objets de l'environnement. Premier pas avant l'implémentation des trois lois de la robotique d'Asimov ? 

Les robots deviennent en effet de plus en plus «sociaux». Asimo peut se connecter à d'autres semblables et sait se coordonner pour réaliser une tâche.  Rappelons qu'en termes de socialité, on distingue trois étapes. 
1. Le grégarisme dans lequel les individus vivent en commun sans contacts particulier. 
2. Le stade subsocial dans lequel les soins donnés aux petits apparaissent. 
3. Le stade colonial dans lequel les petits sont élevés ensemble par des adultes qui coopèrent pour réaliser cette tâche 
et enfin 4. L'eusocialité dans lequel les adultes coopèrent pour élever les jeunes, sont spécialisé dans des tâches, et sont de générations différentes. Un modèle en est donné par les fourmis.

La socialité n'est donc pas spécifique à l'homme . On la retrouve chez beaucoup d'autres espèces. Les conduites d'offrande de certains mâles avant l'accouplement en sont un exemple tout comme l'altruisme et la culture dont sont capables beaucoup d'animaux. On connait par exemple des groupes de lions spécialisés dans la chasse à l'éléphant et l'on sait aussi que ces cultures animales sont transmises d'une génération à l'autre. On sait aussi que l'homme n'est pas le seul à faire preuve de moralité. Finalement, plus l'on connait les animaux, moins l'homme apparait comme une exception.

On avait déjà parlé ici des boids. Ce sont maintenant les robots qui sont concus sur ce modèle : un essaim de robots a pu s'associer pour soulever et déplacer un objet qui était trop lourd pour un seul d'entre eux. Marco Dorigo, de l'Université Libre de Bruxelles à qui l'on doit cette petite merveille d'intelligence, prévoit que dans le futur, «les robots chercheront activement de l'aide des autres lorsqu'ils seront confrontés à un problème qu'ils ne peuvent résoudre seuls. Par exemple, si un robot ne peut franchir un obstacle, il pourrait rebrousser chemin et utiliser les autres pour escalader l'obstacle». On ne peut qu'être impressionné de ce que des machines puissent être capable d'une conduite de détour pour arriver a leur fin ou même que des machines puissent se donner un but.

Il semble bien que la splendide spécificité de l'homme est une nouvelle fois battue en brèche. Si les robots commencent à identifier leurs semblables, on est là sur les premières marches de la grégarité. S'ils coopérent, on s'approche de la colonie. Un pas important sera franchi lorsque les robots se reproduiront d'une façon ou d'une autre et lorsqu'ils prendront soin de leur progéniture. On aura là des machines pleinement sociales au sens de la colonie.

La recherche en robotique fait un détour par la colonie d'insectes, retrouvant là les travaux sur l'intelligence collective, la collection de données [data mining] ... et les pires angoisses de l'homme. Il est intéressant de voir s'organiser peu à peu des images du pullulement, de la multitude pour rendre compte des mécanismes Le pullulement, la multitude.  

Il est fascinant de voir que dans des domaines aussi distincts que la robotique, la collection des données, le marketting [flash consuming] converge vers une question : comment organiser la pluralité, la multitude voire le grouillement qui caractérise le réseau ? Et il est tout à fait fascinant de voir que dans des domaines aussi différent, les réponses aussi convergent.
Il faut rappeller un des axes majeurs de la dynamique des groupes : le balancement entre un pôle isomorphique et homorphique. Le premier est caractérisé par la similitude, l'homogénéité, la contagion rapide des émotions et des idées, les réactions automatiques. La non différenciation y régne, et l'on passe des appareils psychiques individuels à l'appareil psychique de groupe sans discontinuité. Le groupe y est toujours plus important que l'individu. Chacun est à la place qui lui est assignée par le groupe. C'est une organisation qui est une défense contre les angoisses archaïques de morcellement, d'absence de limite et d'assignation. Le pôle homomorphique est organisé autour de la différenciation des espaces individuels et groupal. Il suppose l'intégration des différences et rend possible des positions individuées dans le groupe.

On voit donc que la réponse s'oriente vers une différenciation de moins en moins grande des individus au profit du collectif. Il semble que la logique économique soit ic, pour un temps au moins, la plus efficace. Comme dans Starcraft, il est plus rentable de produire a faible coût une multitude de zergs que de produire des unités spécialisées et très onéreuses. Reste à savoir si nous sommes des zergs.

par Yann Leroux : yann.leroux@laposte.net



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